C’est sans aucun doute le procès le plus important jamais organisé devant le tribunal de grande instance de Cankuzo, qui s’est ouvert ce jeudi matin. Le procès retransmis à l’extérieur grâce à des micros installés un peu partout, a commencé par l’identification des prévenus.
Sur le banc des accusés, vingt-trois personnes poursuivies pour la première fois dans l’histoire du Burundi, pour acte de terrorisme, un crime passible de la prison à vie, d’après le nouveau code pénal de ce pays. Dans le groupe, des agriculteurs, des petits commerçants, des anciens membres de parti d’opposition,et un journaliste, le correspondant de RFI en swahili, Hassan Ruvakuki.
Le procureur de Cankuzo, Balbatus Ntakarusho, met les prévenus dans trois grandes catégories. Dix parmi eux sont accusés d’avoir participé directement à l’attaque lancée le 20 novembre dernier depuis la Tanzanie voisine par un nouveau groupe armé, les Forces pour la restauration de la démocratie, dans cette province située à l’extrême est du Burundi.
Neuf autres auraient espionné pour le compte de ce groupe, qualifié de « terroriste » par l’acte d’assignation.
Enfin, les quatre derniers, dont Hassan Ruvakuki, sont accusés d’avoir fait la publicité de ce groupe, et surtout d’avoir donné le coup d’envoi de ces attaques. Le journaliste a toujours clamé son innocence, depuis son arrestation il y a un mois.
La défense a tout de suite récusé trois des cinq juges. Motif : ils avaient déjà donné leur avis sur cette affaire. Le juge président a alors ordonné une suspension de séance de vingt minutes, qui s’est transformée en une longue attente qui va durer près de trois heures.
A la reprise, la défense, qui n’a eu accès au dossier que ce matin pendant une heure, a demandé un report du procès, et l'a obtenu.