Tchad : le président de droits de l'homme sans frontières en prison

Les soucis continuent pour le président de l'ONG tchadienne Droits de l'homme sans frontières. Arrêté lundi 19 décembre 2011 pour déclaration calomnieuse concernant le dossier de levée d'immunité de l'opposant Kebzabo, Deuzombé Daniel Passalet a été écroué et transféré hier matin dans une prison à plus de 300 km de Ndjamena. Ses avocats dénoncent le non respect de la procédure judiciaire et les zones d'ombres dans l'affaire -plus sensible qu'elle n'y paraît- de la levée d'immunité parlementaire d'un député.

Lundi matin sur RFI, Deuzombé Daniel Passalet s'inquiète de la disparition d'une femme, la veuve d'un chef de village de Mara Léré. C'est elle qui, en déposant plainte pour diffamation contre le député de l'opposition Kebzabo, risque de faire tomber son immunité parlementaire. Or, selon sa propre famille, cette dame s'apprêtait à retirer sa plainte. Daniel Deuzombé évoque alors cette affaire sur les ondes, s'inquiétant du sort d'une femme, présentée comme fragile et analphabète.

Le lendemain, le président de droits de l'homme sans frotnières est écroué pour déclaration calomnieuse et transféré dans la prison de Moussoro, loin de Ndjamena
Pour ses avocats, Daniel Deuzombé fait les frais d'une affaire complexe. Selon eux, les propos qu'il a rapporté à la radio étaient connus de tout le monde à Ndjamena; il est pourtant le seul à être inquiété, s'étonne Maître Ndoubalo Abdou : « Il n'est pas le seul à détenir ces informations. Tout le monde est au courant que cette femme s'apprêtait à venir retirer la plainte contre M. Saleh Kebzabo. Nous ne voyons rien qui puisse le compromettre dans cette déclaration. Nous demandons à ce que les droits de la défense soient respectés. »

Ses avocats souhaitent que Deuzombé Daniel soit ramené au plus vite à Ndjamena pour être jugé correctement. Ils souhaitent que les auteurs du communiqué affirmant que la veuve s'apprêtait à retirer sa plainte soient entendus par la justice.

« Rien à voir avec le pouvoir »

Hier, au cours d'une conférence de presse donnée à l'issue d'un séminaire gouvernemental tchadien qui marquait les 100 jours de l'équipe en place, le Premier ministre est revenu sur cette affaire. Emmanuel Nadingar, a précisé que l'arrestation du militant des droits de l'homme, Daniel Deuzeumbé Passalet, tout comme la procédure engagée contre le député et chef de l'opposition Saleh Kebzabo, sont « essentiellement des affaires judiciaires, qui n'ont rien à voir avec le pouvoir », fin de citation.

Par ailleurs, le CNCD, une coalition regroupant des représentants tchadiens de partis politiques, de mouvements rebelles et de la société civile basée en France, donne de la voix. « La France et l'Union européenne doivent faire pression sur Idriss Deby pour que l'immunité de l'opposant Saleh Kebzabo ne soit pas levée », expliquent les membres du mouvement. Un processus de levée de l'immunité parlementaire de Saleh Kebzabo est en cours dans le cadre de violences ayant fait 13 morts en septembre à Matta-Leré (dans le sud du Tchad). « La communauté internationale ne peut l'accepter », explique l'ancien ministre des Affaires étrangères, Acheir Ibn Oumar, un des responsables du CNCD.

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