Avec notre envoyée spéciale au poste frontière de Ras Jedir, côté libyen
Comme en représailles après qu’une voiture ait été la cible de jets de pierre dans la ville libyenne de Nalout plus au Sud, ce conducteur libyen, tout juste rentré de Tunisie constate les dégâts : un pare-brise éclaté et la carrosserie enfoncée par endroits. « Alors qu’on revenait de Medenine, ils nous ont lancé des pierres, des gosses tout juste sortis de l’école. C’est une pluie de pierres qui nous est tombée dessus », raconte la victime.
Pour les Libyens présents qui tentent de se rendre en Tunisie, le ressentiment est fort contre leurs voisins qui leur ont pourtant porté assistance pendant le conflit. « On ne veut plus de ces hors-la-loi, ces gens de Ben Gardane qui exigent des pots-de-vin. Elle est où la souveraineté de l’Etat tunisien ? Il n’y a pas de loi à Ras Jedir, tout le monde sait ça », s’emporte un homme.
Jamais depuis la fin de la guerre, Ras Jedir n’a fermé aussi longtemps le passage ouvert uniquement pour le retour des Tunisiens ou des Libyens chez eux. Mais après deux jours d’attente dans leurs voitures, cette jeune fille et sa mère malade, venues du sud-libyen, ne désespèrent pas d’entrer en Tunisie : « Le jour il fait chaud, la nuit il fait froid, mais tant que la sécurité n’est pas revenue… que Dieu nous vienne en aide ! »
Cordon ombilical reliant les deux pays, Ras Jedir voit éclore aujourd’hui les haines récentes ou enfouies avec cette menace planant côté libyen que le langage des armes prennent le dessus.