Elections en RDC: chacun s'estime gagnant

Tous les bulletins sont désormais en cours de dépouillement en RDC où les bureaux les plus en retard ont fini de voter. L'Union européenne doit remettre ce jeudi 1er décembre ses premières conclusions sur le déroulement global du scrutin, entaché par plusieurs incidents violents et de gros problèmes d'organisation. Les résultats de la présidentielle ne sont pas attendus avant le 6 décembre, tandis que ceux des législatives sont prévus pour le 13 janvier. Mais certains revendiquent déjà la victoire.

Avec nos envoyés spéciaux

Depuis hier mercredi, beaucoup de Congolais proches de la Céni (Commission électorale natioanale indépendante ) ou des états-majors politiques, s’accordent à dire que deux candidats sortent du lot : Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi.

Le président sortant aurait obtenu de bons scores au Katanga, en Province orientale et dans le Bandundu. L’opposant historique, outre ses fiefs traditionnels de Kinshasa et des deux Kasaï aurait réussi une percée dans l’Equateur et le Bacongo.

C’est sans doute la raison pour laquelle, depuis mercredi, les deux camps revendiquent ouvertement la victoire. Dans le camp Kabila, on est surpris par la performance d'Etienne Tshisekedi, mais le secrétaire général de la majorité présidentielle, Aubin Minaku, affirme : « Nous sommes certains que le candidat Joseph Kabila va l’emporter avec un score significatif ».

Dans le camp Tshisekedi, le conseiller économique, Eugène Diomi Ndongala, déclare : « Nous sommes en possession de tous les procès-verbaux, et sur cette base nous pouvons affirmer que notre candidat obtiendra au moins 55% des suffrages ».

Qui croire ? Depuis hier, le processus électoral est entré dans sa phase la plus fragile, la compilation des résultats des procès-verbaux des quelque 63 000 bureaux de vote via 169 centres locaux de compilation des résultats (CLCR). Et tout l’enjeu tient dans deux mots : la fraude ou la transparence.

La bataille psychologique entre les deux camps

Des petits vendeurs de rue ont disséminé depuis hier dans la capitale un tract ne comportant aucun slogan, mais rien que des chiffres. Ce papier est vendu d’ailleurs 200 francs congolais, à peu près 15 centimes d'euros. Il s'agit des résultats d’Etienne Tshisekedi tels qu’ils sont compilés par son parti l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), province par province et par la noria de partis sous la bannière « Dynamique Tshisekedi Président ». Le président de la démocratie chrétienne, Eugène Diomi Ndongala, l’un des animateurs de cette dynamique, a accusé le président sortant de vouloir faire un coup d’Etat.

Dans le camp présidentiel, on explique que tout cela est de l’intoxication, « pour manipuler la population afin de créer un climat d’insurrection », dit Aubin Minaku. Le secrétaire général de la majorité annonce qu’il demande au gouvernement de sévir contre les troubles à l’ordre public qui pourraient intervenir avant ou après la publication des résultats par la Céni.

Les deux camps reçoivent depuis hier la visite de diplomates. Le représentant de l’Union européenne, notamment, a entrepris ce qu’il appelle « une campagne de paix » pour demander à chaque camp de respecter les règles du processus électoral.

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