Réactions au transfert de Laurent Gbagbo à la CPI

Laurent Gbagbo, ex-président de la Côte d’Ivoire, est le premier ex-chef d’Etat remis à la Cour pénale internationale (CPI) créée en 2002, d'autres comme le Libérien Charles Taylor ont été poursuivis devant des tribunaux spéciaux. Incarcéré ce mercredi 30 novembre 2011 à La Haye, il est soupçonné de crimes contre l’humanité après le deuxième tour de l’élection présidentielle, le 28 novembre 2010. Luis Moreno-Ocampo, procureur de la CPI, souligne que l’arrestation de Laurent Gbagbo « n’est qu’un début ».

Le procureur de la CPI est formel lorsqu’il déclare que l’arrestation de Laurent Gbagbo est « le premier dossier en Côte d’Ivoire. Ce ne sera pas le dernier, ce n’est qu’un début ». Il précise également que l’enquête suit son cours et que la CPI se saisira d’autres affaires car, ajoute le procureur, « il apparait que des crimes ont été commis dans les deux camps ».

La Cour pénale internationale a conduit sa propre enquête en Côte d’Ivoire sur des crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis à la suite du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara à la présidentielle du 28 novembre 2010. Les forces pro-Gbagbo ainsi que les ex-rebelles pro-Ouattara et leurs alliés sont pointés du doigt.

Pour l’instant, aucun membre des forces de l’actuel président Alassane Ouattara n’a été inculpé de crimes postélectoraux, ce qui fait dire à Human Rights Watch que « cela fait naître le sentiment que la justice rendue est celle du vainqueur, ce qui risque d’alimenter davantage les tensions entre communautés ». L’organisation a néanmoins souligné que le transfert de Gbagbo vers la CPI est un « pas important » pour la justice.

Satisfaction au sein du pouvoir ivoirien

Le pouvoir ivoirien affiche sa satisfaction. Selon les déclarations du porte-parole du gouvernement, Bruno Koné, le transfert de l’ex-président Laurent Gbagbo à la CPI est « salutaire » pour le pays et il ajoute que c’est « l’un des éléments clés pour tourner une page triste de l’histoire de la Côte d’Ivoire ».

Le porte-parole du gouvernement ivoirien a également assuré que si la CPI estime que des personnes proches du président Alassane Ouattara sont passibles de poursuites pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, elle pourra mettre en marche une procédure pour les juger.

Les autorités ivoiriennes disent viser la fin de l’impunité –une des conditions nécessaires pour la réconciliation.

Contactée par RFI Affoussy Bamba, cadre de la branche politique des Forces Nouvelles, assure que son mouvement n’a pas peur d’éventuelles enquêtes.

 

                  

Chances de réconciliation hypothéquées

Le ton est différent dans les rangs de l’opposition. Pour certains, le transfert de Laurent Gbagbo à La Haye a hypothéqué les chances de réconciliation. Pour le parti de l’ex-président, le Front Populaire Ivoirien (FPI), « Ouattara a livré son principal rival à la CPI, de façon lâche, à une justice soit disant internationale ». Réunis toute l'après midi à Abidjan en comité central, ils ont annoncé ce soir qu'ils suspendaient leur participation à tout le processus de réconciliation.

De leur côté, des petits partis pro-Gbagbo qui avaient présenté une vingtaine de candidats aux législatives du 11 décembre, viennent d’annuler leur participation au scrutin, jugeant le transfert de Laurent Gbagbo contraire à la « réconciliation ».

Laurent Gbagbo doit comparaître pour la première fois devant les juges de la Cour lors d’une audience prévue pour le lundi 5 décembre 2011. Contacté par RFI, Maitre Emmanuel Altit, un des avocats de l’ancien président ivoirien chargé de la défense au niveau international et notamment devant la CPI, demande la libération de Laurent Gbagbo. Pour lui, l’arrestation de son client est « illégale » et sa détention « arbitraire ».

 

 

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