L'incertitude et la crainte avant des élections en Egypte

Les Egyptiens s'apprêtent à voter pour les premières élections législatives de l'ère post-Moubarak. Mais certains électeurs redoutent des violences comme celles de ces derniers jours. Des milliers de personnes sont toujours massées ce dimanche soir 27 novembre, veille du scrutin, place Tahrir pour demander le départ des militaires au pouvoir.

Avec nos envoyés spéciaux au Caire

Ils sont encore des milliers d'Egyptiens place Tahrir au Caire pour demander aux militaires de quitter le pouvoir. Les manifestants maintiennent la pression sur l'armée alors que les élections législatives débutent demain, lundi. Mais la complexité du scrutin et les violences de ces derniers jours rebutent certains électeurs.

Walid a 28 ans, il travaille comme chauffeur de taxi, la tête couverte d’un foulard palestinien, des lunettes de soleil à la mode, il ressemble à ces jeunes de la place Tahrir, d’ailleurs. Lui a décidé de ne pas aller voter.

« Je n’irai pas voter, je ne sortirai pas travailler non plus. Parce que j’ai peur qu’il y ait beaucoup de sang qui coule », dit Walid et d'ajouter : « Lorsque les gens vont aller voter, il y aura des files d’attente interminables de partisans de l’ancien PND ou des Frères Musulmans. Les gens comme nous qui voulons autre chose que ces deux tendances vont devoir faire attendre très longtemps, ils n’auront pas la patience d’attendre, et ils partiront… donc le résultat, ce sera soit les ex-PND, soit les Frères Musulmans ».

Les violences de ces derniers jours ne favorisent pas la tenue du scrutin. Pourtant, le gouvernement a assuré que 13 000 officiers et 85 000 soldats seraient déployés pour assurer la sécurité. Hala Mustafa a 45 ans, elle se met à la place de ceux qui ont vécu les violences policières.

« Que va faire la mère du jeune qui a été tué hier ? Est-ce qu’elle va aller voter demain ?, se demande Hala. C’est incroyable ! Si elle se retrouve nez-à-nez avec un seul policier, si j’étais à sa place, je n’aurai qu’une envie, c’est de le tuer ! Même s’ils commencent à voter, je suis sûre que deux heures après ce sera tellement violent qu’ils devront suspendre le processus. »

Les électeurs sont appelés à se rendre aux urnes lundi et mardi, les bureaux de vote seront ouverts de 8h à 19h.

Partager :