Cela fait déjà plusieurs mois que la colère monte à Fanaye. Plusieurs mois que les habitants s’opposent à ce projet italien d’investissement dans le biocarburant : les autorités locales ont en effet négocié avec les porteurs du projet l’attribution de 20 000 hectares de terres.
« C’est le tiers de toutes les terres cultivables de la communauté rurale », se lamente Ahmadou Thiaw, du collectif de protestation formé par les villages concernés. Et il poursuit : « 20 000 hectares c’est trop, ça va complètement étouffer la communauté rurale. C’est un projet qui n’est pas viable et pas acceptable par les populations ».
Les habitants de Fanaye que RFI a pu joindre se plaignent de l’attitude du président du conseil rural qui a agi, disent-ils, sans véritable concertation et qu’ils soupçonnent de ne défendre que son intérêt personnel.
Mercredi, ces habitants ont voulu profiter d’une réunion de l’instance locale pour manifester. Le mouvement a dégénéré en affrontement avec des défenseurs de l’élu local. Coups à l’arme blanche, tirs de fusils artisanaux : un premier homme est mort sur place, renforçant la colère des populations qui s’en sont prises à la maison communautaire. Selon le chirurgien chef de l’hôpital de Ndioum, un autre homme est mort dans la soirée des suites de ses blessures.
« Tout le monde attend que l’Etat intervienne pour stopper les travaux, explique Ahmadou Thiaw, la population défend son patrimoine. Les gens sont tellement attachés à leur terre ».