Présidentielle camerounaise: sur les terres du candidat de l’opposition John Fru Ndi

Les Camerounais sont invités aux urnes ce dimanche 9 octobre 2011. Paul Biya aura face à lui 22 candidats dont le leader historique de l’opposition camerounaise, John Fru Ndi, le président du SDF, le Social Democratic Front. Rencontre avec son électorat à Bamenda, son fief du nord-ouest du Cameroun.

Les années 1990, les années de braise : John Fru Ndi crée le SDF à Bamenda. Pour le syndicaliste Simon Nkwenti, coordonateur de la société civile du Nord-Ouest, le chairman a su conquérir les cœurs. « Ça c’est le premier parti d’opposition. Imaginez-vous… C’était un gars courageux, il dit la vérité. Et la mobilisation c’est ici la fièvre de la démocratie. On a perdu beaucoup de monde ! On a arrêté beaucoup de gens, on a torturé les gens ! C’était une grande bataille ! C’est pour cela que tout le monde a voté pour Fru Ndi, ici ».

Mais les années sont passées, les choses ont changé. Aujourd’hui, en pleine campagne électorale et sur ses propres terres, John Fru Ndi est critiqué. « On se demande si Fru Ndi n’a pas oublié les revendications du peuple, parce qu’il a rencontré Biya ces derniers temps au moins trois à quatre fois et ça a été même télévisé, raconte un jeune homme croisé dans la rue. Des embrassades par-ci par-là. Moi, je m’interroge. A quel jeu il joue ? »

Et un autre de confirmer : « A 70 ans il devrait laisser la candidature à quelqu’un d’autre ! A un jeune plus dynamique, plus engagé ». Même son de cloche pour cette électrice : « S’il y avait eu un autre candidat au sein du SDF, ça aurait pu susciter l’union au sein de l’opposition. Ça aurait pu changer les choses. Mais Fru Ndi reste un mythe quand même. C’est encore un modèle. Il reste populaire ».

Bamenda est-elle encore la citadelle imprenable de John Fru Ndi ? Le RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) de Paul Biya y a fait une percée aux dernières législatives. La ville paraît aujourd’hui quelque peu déboussolée. « Sa popularité a beaucoup baissé sur le nord-ouest, explique Simon Nkwenti. Les gens ne croient pas en ce système électoral, encore, les gens sont démobilisés. Il n’a pas cet enthousiasme ! Ça a bien changé ! »

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