Afrique du Sud : le « Docteur la Mort » devant l’ordre des médecins

En Afrique du Sud, le docteur Wouter Basson comparaît depuis le début de la semaine devant le Conseil de l’Ordre des médecins. Il est poursuivi pour avoir fabriqué des drogues illégales pendant les années d’apartheid, pour le compte de l’Etat. Certaines de ces drogues auraient été administrées à des prisonniers. Il aurait aussi fabriqué des armes chimiques. S’il est reconnu coupable, il pourrait être radié du Conseil de l’Ordre et n’aurait plus le droit d’exercer la médecine.

On l’a appelé le « Docteur la Mort ». Aujourd’hui, collier de barbe grise, lunettes perchées sur le bout du nez, il est toujours cardiologue, l’air respectable et aisé. Il pratique dans un cabinet au Cap. Mais entre les années 1981 et 1993, il travaillait pour le régime d’apartheid, à la tête d’un programme bactériologique et chimique baptisé «Project Coast».

Jusqu’ici, Wouter Basson a toujours échappé à la justice. Il a d’abord refusé de coopérer avec la Commission vérité et réconciliation, mise en place pour recenser les violences de l’apartheid, et permettre la réconciliation entre les bourreaux et leurs victimes. Même en échange de l’amnistie politique.

En 2002, la justice sud-africaine a acquitté Wouter Basson de 46 chefs d’inculpation. Lors de ce procès fleuve, qui a duré deux ans et demi, des centaines de témoins ont pourtant défilé pour raconter les poisons que «Project Coast» a tenté de mettre au point pour tuer spécifiquement les noirs. Ou encore les techniques pour empoisonner les vêtements, les cigarettes, le chocolat et les bouteilles de whisky. Les recherches pour diminuer la fertilité des femmes noires, les drogues comme l’ectasy ou le mantrax fabriquées à grande échelle.

Devant la cour, le docteur a expliqué qu’il ne faisait qu’appliquer les ordres. Depuis 2007, c’est le Conseil de l’Ordre qui lui demande des explications. L’affaire a été retardée par plusieurs actions légales, avant de débuter cette semaine. Wouter Basson aime dire de lui « la médecine, c’est ma passion, la guerre, c’est mon métier ». Il pourrait ne plus pouvoir exercer.

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