Avec notre envoyé spécial à Tripoli,
Depuis la prise de Tripoli, le chef de la sécurité est officiellement Abdelhakim Belhaj. Ce jihadiste repenti est à la tête du conseil militaire, donc des différents groupes insurgés, mais son autorité n’est pas acceptée par tous les rebelles. « Nous n’avons aucun rapport avec Belhaj, explique Moussa Ali qui contrôle les 1 000 combattants de la katiba de Jadou, notre seul chef, c’est Moustapha Abdeljalil. C’est clair ».
Abdeljalil est le numéro un du Conseil national de transition. Il demande justement le retour dans les rues de la capitale des policiers : 7 000 hommes, jusque-là à la solde du régime de Kadhafi, et qui vont devoir s’accorder avec les rebelles.
Un mélange décalé
Après 25 ans de service auprès du Guide à la tête du commissariat central, Abdelakim Tarouni a rapidement change de camp : « Nous sommes tous des révolutionnaires, affirme-t-il. Donc, bien sûr, il y a une collaboration avec les insurgés. Pour garder la ville et pour tout le reste. Les combattants sont sur le terrain, ils ont des armes. Nous, on représente la loi. Mais si la situation l’oblige, nous aussi on aura des armes. »
Au check-point, le mélange policiers en blanc, sans arme et insurgés en treillis dépareillés, fusil en bandoulière, est décalé. Néanmoins, de nombreux carrefours ne sont pas contrôlés car les effectifs sont insuffisants et ce sont donc les habitants qui prennent des risques. « Hier soir, deux types sont arrivés en camion, raconte un Tripolitain. J’ai demandé les papiers des armes. Ils n’en avaient pas, alors j’ai dit : « donnez-moi ce fusil ». Ils n’ont pas voulu. Nous nous sommes s’est tirés dessus et on a réussi à arrêter ces gars. On les a enfermés à la mosquée ».
Policiers, insurgés, habitants : un cocktail détonnant pour surveiller une capitale. Pour tenter de faire cohabiter toutes ces forces si différentes, le CNT vient de créer une nouvelle commission. Celle-ci est gérée par le ministère de l’Intérieur… mais dirigée par le ministre du Pétrole.