Le scrutin présidentiel est à un tour et le futur président qui sortira des urnes, le 9 octobre, sera élu pour un mandat de sept ans renouvelable. La publication, mardi 30 août, de ce décret présidentiel coïncide avec la fin du processus d’inscription sur les listes électorales et le coup d’envoi du dépôt des candidatures.
Le parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) du président Paul Biya, doit se réunir en congrès les 15 et 16 septembre prochains pour élire le candidat à la présidentielle. Conformément aux statuts du parti, c’est le président du parti lui-même – actuellement Paul Biya – qui devrait être élu.
Bien que le président du Cameroun ne se soit pas encore exprimé sur ses intentions, Issa Tchiroma Bakary, porte-parole du gouvernement, interrogé par RFI, affirme qu’il y a en effet de « fortes probabilités » pour que Paul Biya soit investi. Il estime, par ailleurs, que l’organe en charge de l’organisation et la supervision des scrutins, Elections Cameroon (Elecam), « est prêt pour l’élection du 9 octobre ».
Du côté de l’opposition, une quinzaine de candidats se sont déjà déclarés. Le Social Democratic Front (SDF), principal parti d’opposition, devrait également choisir son candidat dans le courant du mois de septembre. Pour le moment, l’heure est à la critique. Interrogé par RFI, Joshua Oshi, vice-président du SDF, considère que la commission électorale – Elecam – n’est pas indépendante car 14 de ses 16 membres sont issus de partis politiques, ce qui est contraire à la loi. Le SDF met également en cause la transparence du fichier électoral.
Des voix s’élèvent pour demander le départ de Paul Biya
Depuis plusieurs mois, des voix se sont élevées pour demander au président de la République de ne pas se représenter à l’élection présidentielle. Paul Biya, 78 ans, est au pouvoir depuis bientôt 29 ans. En 2008, et afin qu’il puisse se représenter, l’Assemblée nationale a amendé la Constitution pour supprimer la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. A cette occasion, l’armée et la police avaient réprimé une manifestation d’opposants à cette réforme. Selon un bilan officiel, 40 personnes avaient été tuées ; au moins 139, d’après des ONG.
Les élections et le mode de scrutin ont également fait l’objet de nombreuses critiques. En 1992, le leader de l’opposition John Fru Ndi avait accusé Paul Biya de lui avoir volé la victoire. En 2004, c’est sa réélection qui fut vivement contestée.
Le scrutin présidentiel a toujours suscité de vives objections, essentiellement de la part de l’opposition. Un vote à deux tours permettrait que le président élu soi réellement représentatif de la population, estime le groupe parlementaire du SDF, Social Democratic Front, le principal parti d’opposition, qui insiste « le vainqueur de l’élection présidentielle doit bénéficier d’une majorité absolue des voix exprimées pour pouvoir prétendre représenter tous les Camerounais, ce qui nécessite l’organisation de l’élection présidentielle à deux tours ».
Le Cameroun a instauré le multipartisme en 1991. Plusieurs partis se sont alors constitués ; des intellectuels et des exilés sont rentrés au pays, espérant incarner une nouvelle ère. Cependant, vingt ans plus tard, c’est toujours Paul Biya qui règne sans partage dans le pays. Le président de la République concentre tous les pouvoirs ; le chef de l’Etat incarne à la fois le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire.