L’Algérie n’a toujours pas reconnu le CNT, organe politique de la rébellion, et n’a jamais non plus demandé officiellement le départ de Mouammar Kadhafi. Alger a néanmoins gelé les avoirs de la famille Kadhafi et de ses proches, conformément aux recommandations de l’ONU.
Alors que le CNT a été reconnu par une quarantaine de pays, y compris par ses voisins tels que la Tunisie, le Tchad et le Niger, l’Algérie se veut prudente. Après l’entrée, le 21 août, des rebelles dans Tripoli, sa première réaction officielle fut d’observer une « stricte neutralité en refusant de s’ingérer, de quelque manière que ce soit, dans les affaires intérieures » de la Libye.
Une prudence sévèrement critiquée par le porte-parole militaire du CNT, le colonel Ahmed Omar Bani qui a affirmé, dimanche 28 août, en faisant allusion aux pays qui n’ont pas reconnu le CNT et notamment l’Algérie, « un jour viendra où ils devront répondre de leur attitude vis-à-vis des révolutionnaires libyens ».
Les propos du colonel libyen, Ahmed Omar Bani, ont provoqué l’indignation de Aissi Kassa, membre du bureau politique du FLN, parti au pouvoir en Algérie, chargé de l’information et de la communication. Cependant, il veut croire à une amélioration des relations entre les deux pays.
Du point de vue politique, le CNT semble vouloir s’engager dans le dialogue. Ce lundi 29 août 2011, une rencontre de haut niveau algéro-CNT s’est tenue, en marge de celle de la Ligue arabe, au Caire. A l’initiative du CNT, son président, Mahmoud Djibril s’est entretenu avec le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Une initiative que soutient Othman Bensasi, membre du CNT.
Les relations tendues entre Alger et le CNT
Au moment où l’Algérie plaidait pour une sortie de conflit négociée avec les forces pro-Kadhafi, les rebelles accusaient les Algériens d’envoyer des mercenaires en Libye pour soutenir le colonel Kadhafi. Alger l’a toujours démenti.
La semaine dernière, des informations relayées par l’agence égyptienne Mena faisaient état du passage d’un convoi, en Algérie, en provenance de Libye et transportant Mouammar Kadhafi ainsi que ses fils. Alger l’a également catégoriquement démenti. Le ministère algérien des Affaires étrangères a par ailleurs annoncé officiellement ce lundi 29 août 2011 que l'épouse du colonel Mouammar Kadhafi, Safia, et trois de ses enfants (Aïcha, Hannibal et Mohamed) sont entrés ce matin en Algérie, par la frontière algéro-libyenne. Néanmoins, le ministère algérien n'a fourni aucune indication sur l'ancien homme fort libyen.
L’Algérie, qui partage plus de 1 000 kilomètres de frontière en plein Sahel, avec la Libye, redoute, avant tout, l’entrée d’armes libyennes en son territoire et un regain d’activité terroriste.
Elle craint également la présence, en Libye, d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) même si le groupe était combattu par le régime Kadhafi. Aqmi, qui a précisément revendiqué nombre des récents attentats en Algérie. Depuis le début du ramadan, le 2 août, l’Algérie est confrontée à une série d’attentats ciblant ses forces de l’ordre. Le dernier - une double attaque suicide - revendiqué par Aqmi, s’est produit à l’académie militaire de Cherchell, à une centaine de kilomètres à l’ouest d’Alger, faisant 18 morts et 26 blessés.