Avec notre envoyé spécial à Tripoli,
A Tripoli, l’ambiance est surprenante par rapport à la journée et à la nuit dernière très violentes. Depuis ce jeudi matin, on peut entendre quelques rafales d’armes automatiques au loin dans les banlieues. Au centre-ville, quelques tirs sans doute de snipers, un coup de canon et une colonne de fumée importante visible au-dessus de l’ex-résidence de Mouammar Kadhafi.
Difficile de dire ce qu’il se passe concrètement dans Tripoli. Quelles sont notamment la ou les stratégies des insurgés, s’ils en ont. La nuit dernière, des tirs de roquette, des rafales de mitraillettes ont résonné dans différents quartiers. Il ne semble pas y avoir de coordination, d’organisation au sein des groupes d’insurgés.
La méthode est toujours la même : avancer le plus rapidement possible avec le risque de se faire prendre à revers par les forces loyales à Kadhafi. Il est difficile de dire ce que représentent aujourd’hui les fidèles du colonel Kadhafi. Chaque combattant, chaque habitant de Tripoli donne aujourd’hui sa réponse.
La zone sensible serait en ce moment la route menant à la ville de Zawiya, située à cinquante kilomètres à l’ouest de Tripoli. Des témoins parlent de tirs d’artilleries ce matin. Des hommes de Kadhafi seraient encore présents à cet endroit car cet axe était crucial pour protéger la capitale, les chars y étaient très nombreux. S’il en reste, ils sont cachés près des bâtiments publics, notamment des écoles pour les protéger des frappes de l’Otan.
Autre danger en ville, les snipers. Un seul tireur peut faire beaucoup de victimes avant d’être localisé, puis neutralisé. Il est donc très difficile d’estimer le nombre de militaires de l’ex-armée encore engagés dans les combats. La perte de Tripoli a entraîné un nombre très important de défections, mais très peu de ces hommes ont rejoint les rangs de la rébellion. Les soldats restants ont de plus en plus de mal à se cacher. Les insurgés vont même les traquer dans les endroits normalement protégés comme les hôpitaux.