Le Nigeria se range désormais au côté du Conseil national de transition (CNT) libyen. Dans un communiqué rendu public le 23 août 2011, le ministère des Affaires étrangères a reconnu le CNT comme « étant le représentant légitime du peuple libyen » et appellé Mouammar Kadhafi à quitter le pouvoir.
Cette prise de position intervient deux jours avant le mini-sommet de l’Union africaine consacré à la Libye, à Addis-Abeba, mais elle n’a rien de surprenant.
Les dirigeants nigérians successifs n’ont en effet jamais vraiment porté le Guide libyen dans leur cœur : trop arrogant, trop envahissant... le colonel l'est assurément. Il faut dire qu'au Nigeria, premier producteur de pétrole brut du continent, la fierté n’est pas un vain mot et, quand il s’agit de relations diplomatiques, difficile de se laisser dicter une quelconque conduite.
Le président Umaru Yar'Adua a ainsi longtemps vilipendé le Guide de la révolution pour son plaidoyer en faveur des États-Unis d’Afrique. Le défunt chef de l'Etat estimait que le continent avait bien d’autres défis à relever et qu’il fallait avant tout renforcer les structures régionales.
Le dernier incident en date remonte à mars 2010. Suite à des massacres à Jos, dans le centre du pays, Mouammar Kadhafi avait suggéré une partition du Nigeria sur le modèle de l’Inde et du Pakistan en 1947. Branle-bas de combat à Abuja, rappel de l’ambassadeur en poste à Tripoli et rupture des liens diplomatiques pendant quelques jours. Et David Mark, le président du Sénat, avait alors eu cette réplique cinglante à l'égard de Kadhafi: « Avec tout mon respect, je pense que cet homme est fou ».