Une file pour les hommes, une file pour les femmes. Des gardes de sécurité poussent sans ménagement les personnes qui tentent de resquiller. De grandes marmites contiennent de la bouillie de sorgho et munis de grandes louches, les employés remplissent les écuelles.
La distribution de plats chauds est un moyen pour beaucoup d’organisations humanitaires d’éviter les détournements de nourriture, qui se multiplient à Mogadiscio. Le business de la famine, comme on dit ici en coulisses, bat son plein et les organisations internationales mettent en place différents mécanismes pour tenter d’éviter le pire.
« Il y a eu beaucoup d’incidents lors de distribution de nourriture en sacs qui attire beaucoup l’attention, ce qui a conduit à des pillages, de la violence, des blessés et des morts annonce Heather Amstutz, du comité danois pour les réfugiés. Car les sacs ont de la valeur marchande, leur distribution est plus problématique. Les organisations qui travaillent depuis longtemps en Somalie ont développé des techniques et des procédures pour travailler sans payer là ou elles ne devraient pas payer par exemple » poursuit-elle.
Toutes les organisations internationales délèguent la distribution à des partenaires somaliens, en raison de l’insécurité. La distribution de plats chauds prend fin sur le site, et alors que la marmite est vidée, des femmes se disputent une portion de sorgho bouilli. Elles se jettent des pierres et ne s’interrompent que lorsque deux gardes et un employé de l’ONG interviennent pour empêcher que la dispute ne tourne en rixe généralisée.