Guinée: la France condamne les restrictions imposées aux médias

Après l'interdiction faite à tout média national guinéen d'évoquer l'attentat contre le président Alpha Condé, la France fait part de sa préoccupation. Elle a dénoncé, ce jeudi 28 juillet, « une atteinte grave à la liberté d'expression ». De leur côté, les médias privés guinéens s'insurgent contre un « acte de censure » et l’association de défense de la liberté de la presse RSF parle de « mesure liberticide ». Les autorités assurent que cette mesure est temporaire. 

Mercredi 27 juillet, des syndicats de la presse de Conakry ont révélé que le Conseil national de la communication (CNC) de Guinée, un organe gouvernemental, avait interdit provisoirement aux médias nationaux d'évoquer « l'attentat contre la vie du chef de l'Etat, ainsi que toute émission interactive à caractère politique ».

Cette interdiction faite aux médias audiovisuels d'organiser des émissions sur l'attentat du 19 juillet dernier fait polémique à Conakry. Les médias privés dénoncent un acte de censure.

La classe politique condamne elle aussi cette mesure. Selon l'ancien Premier ministre, Sidya Touré, actuel leader de l'UFR, l'une des formations de l'opposition, cette mesure s'apparente à un acte de censure inadmissible alors que la Constitution garantie la liberté d'opinion.

De son côté, la France se montre très critique : « Nous sommes préoccupés par la liberté des médias en Guinée. L'attentat contre le président Condé ne doit pas justifier des restrictions aux libertés fondamentales. La France réprouve l'interdiction faite à tout média national d'évoquer l'attentat contre le chef de l'État ou d'organiser des émissions interactives à caractère politique », a déclaré jeudi, lors d'un point de presse, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Bernard Valero.

Et le porte-parole d’insister : « Cette interdiction constitue une atteinte grave à la liberté d'expression et nous demandons au président Condé de reconsidérer cette décision en sa qualité de garant des libertés en Guinée ». La France, qui avait condamné l'attaque de soldats ayant visé le 19 juillet le domicile privé d'Alpha Condé à Conakry, réaffirme d'autre part attendre la tenue en Guinée d'élections législatives.

Selon le gouvernement de Conakry, la décision est temporaire

Le ministre de la Communication, Dirius Yalé Doré, regrette une polémique qu'il juge disproportionnée. Il rappelle que la décision du Conseil national de la communication est temporaire, et qu'elle est avant tout destinée à calmer les esprits, après la tentative d'assassinat du professeur Alpha Condé. Selon lui, la liberté de la presse et la liberté d'opinion ne sont nullement remis en cause.

Pour Reporters sans Frontières (RSF), cette décision est de toute façon regrettable. L'organisation dénonce le manque de volonté des nouvelles autorités à défendre la liberté de la presse, et demande l'annulation de la mesure, qu'elle juge trop radicale.

 

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