Burkina Faso : interrogations sur l'éventualité d'une candidature Compaoré en 2015

Blaise Compaoré s'est engagé hier jeudi à « respecter la Constitution » et a appelé tous les acteurs de la vie politique à fonder leur pensée et leur projet sur les dispositions de la loi fondamentale. Il s'exprimait hier en recevant le rapport du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP), un texte chargé d'étudier d'éventuels amendements, et qui sera présenté prochainement dans toutes les régions du pays, puis discuté lors d'assises nationales. Alors que le débat sur une nouvelle candidature en 2015 de Blaise Compaoré est lancé, ce qui supposerait une modification de l'article 37, les propos du président burkinabè sont sujets à interprétation.

En apparence, le président Compaoré n'a fait que rappeler hier un engagement inhérent à sa fonction, celui de respecter la Constitution. Mais en appelant les acteurs de la vie politique à se référer à toutes les dispositions de la loi fondamentale, il est allé plus loin, relèvent certains observateurs.

La Constitution prévoit en effet l'introduction d'amendements via un vote de l'Assemblée nationale ou par référendum. Une modification de ses textes par ces moyens est donc envisageable. Ce qui pourrait ouvrir la voie à un changement de l'article 37 qui limite aujourd'hui le nombre de mandats à deux. Le chef de l'Etat prépare t-il les esprits à un tel projet ? Certains y croient fermement. Si le président ne s'est pas lui-même exprimé sur la question, certains de ses proches font campagne en tout cas sur le sujet.

L'opposition par la voix de son chef de file ose croire, elle, qu'en annonçant respecter la Constitution, le président veut dire qu'il n'amendera pas l'article 37. Mais elle aimerait aussi que cela soit dit clairement. « Pourquoi le chef de l'Etat n'annonce t-il pas aujourd'hui qu'il ne se représentera pas en 2015 ? », s'interroge l'opposant Me Benewende Sankara.

Le président ne peut pas trancher aujourd'hui, répond diplomatiquement son entourage. « Ce serait court-circuiter les consultations qui sont en cours », explique Alain Yoda, le porte-parole du parti présidentiel, qui ajoute que c'est le peuple qui décidera.

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