Alain Juppé a-t-il refusé de rencontrer son homologue rwandaise? Réponse pour le moins laconique du porte-parole du Quai d'Orsay Bernard Valero : « L'agenda du ministre ne le permet pas, c'est une question d'emploi du temps ».
Il faut dire que Louise Mushikiwabo avait déclaré que le retour d'Alain Juppé au Quai d’Orsay, fin février, était une surprise désagréable. On se souvient aussi que le président rwandais Paul Kagamé, il y a deux mois, avait dit à l'hebdomadaire Jeune Afrique que Juppé, à sa connaissance, n'était pas le bienvenu au Rwanda : « Cela tombe bien, je n'avais aucunement l'idée de m'y rendre, ni de serrer la main de Kagame », avait répliqué Juppé lors d'une conférence de presse à Bordeaux puis à l'Assemblée nationale le 5 mai.
Alain Juppé a pris ses distances avec la nouvelle lecture de Paris sur le génocide de 1994. A ce sujet, lors d'une visite à Kigali en février 2010, le président Nicolas Sarkozy reconnaissait « une erreur d'appréciation » de la France. Alain Juppé, qui était ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Balladur en 1994, maintient que la France a été irréprochable. Deux rapports d'enquêtes rwandais accablent le ministre d'Etat et accusent Paris de complicité avec les génocidaires.