Dakar transférera Hissène Habré au Tchad

L'ancien président tchadien Hissène Habré va être transféré vers son pays par le Sénégal, lundi prochain, 11 juillet 2011, par avion. Le président sénégalais Abdoulaye Wade a écrit à son homologue Idriss Déby pour l'en informer. L'ONG Human Rights Watch craint un procès peu équitable. Le Tchad garantit le contraire.

Dans un communiqué, le président sénégalais Abdoulaye Wade a informé son homologue Idriss Déby de sa décision de renvoyer l'ex-président tchadien dans son pays d'origine par un vol spécial, lundi 11 juillet. Cette information, annoncée par le gouvernement tchadien, a été confirmée peu après par le porte-parole du gouvernement sénégalais à Dakar.

Reed Brody, conseiller juridique de l'organisation Human Rights Watch, travaille depuis douze ans sur le dossier Habré. Pour lui, les conditions d'un procès équitable ne sont pas réunies au Tchad. Reed Brody craint pour la sécurité de Hissène Habré lors de son retour au Tchad, d'autant que l'ex-président y a été condamné à mort par contumace en 2008 après l'attaque rebelle de Ndjamena.

Une crainte partagée par l'avocat de Hissène Habré, maître François Serres. Selon ce dernier, la décision du président sénégalais, Abdoulaye Wade, est une violation gravissime des droits de l'homme.

De son côté, maître Jean-Bernard Padaré, l’avocat de l’Etat tchadien, assure que l’ex-président aura le droit à un procès équitable. « Hissène Habré sera jugé suivant les normes internationales reconnues pour une justice équitable », promet l’avocat.

Au Tchad, la surprise est à son comble

Dans la capitale tchadienne Ndjamena, certains se demandent si ce n’est pas une farce. Mais après la surprise vient le temps des interrogations. Est-ce que les conditions de sécurité sont réunies ? Qui va le protéger ? Sans quel endroit sera-t-il gardé ? Ce sont des questions qui fusent mais qui n’ont pas encore de réponses.

Le ministre en charge des droits de l’homme, contacté par RFI quelques minutes avant l’annonce, s’est dit lui aussi surpris mais a indiqué que le Tchad avait déjà demandé l’extradition de Hissène Habré. Djidda Outman, un responsable d’une association des droits de l’homme abonde dans le même sens. « C’est au Tchad que Hissène Habré a sévi, c’est l’appareil de l’Etat tchadien qu’il a utilisé. Donc en le jugeant ici, on pourra remonter à ses complices. » Mais là où on attend le plus de déclarations, c’est du côté des victimes de Hissène Habré. Leur avocate, Me Jacqueline Moudeina dit que ses clients préparent une réaction qui ne devrait pas tarder.

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