C’est un nouvel accord de coopération qui se dessine entre la France et le Tchad. Les déclarations du chef de la diplomatie française laissent entendre que Paris n’entend pas laisser ses troupes dans le pays. Pour des raisons politiques et financières, la question s’était déjà posée, en août 2010, lorsque le président tchadien Idriss Deby avait reproché à la France de ne rien payer pour sa présence militaire. La France avait alors rappelé que les forces militaires françaises se maintenaient au Tchad « à la demande des autorités tchadiennes dans le cadre de l’accord qui lie les deux pays ». Cette remise en cause du dispositif Epervier est intervenue dans un contexte de normalisation des relations entre le Tchad et le Soudan, après cinq ans de guerre par rébellions interposées.
Le Tchad n’exclut pas le retrait des forces françaises
Un an après, la question financière est-elle toujours d’actualité ? Est-il de l’intérêt du Tchad de se voir démuni de l’aide militaire actuelle française et la voir ainsi réduite ? Dans ce cas et avec un dispositif si léger, le Tchad pourrait-il être sûr que la France interviendra comme elle est intervenue en 2008 ? En effet, en février de cette année-là, une offensive rebelle avait atteint Ndjamena. Avec l’appui de plus de 1 000 militaires français présents sur le terrain, plusieurs centaines d’étrangers avaient été évacués et les forces d’Idriss Deby avaient reçu un précieux appui en matière de logistique et « de renseignement ».
Au micro de RFI, Moussa Faki, ministre tchadien des Affaires étrangères, confirme que de futures discussions sur le statut des forces françaises au Tchad sont prévues et que la possibilité de leur retrait n’est pas exclue, si telle est effectivement la volonté de la France.
Autre réaction, celle du général Mahamat Nouri, un des principaux leaders des rebelles tchadiens et leader de l’Alliance nationale pour le changement de la démocratie (ANCD). Dans une interview à l’AFP, depuis Doha, Mahmat Nouri s’est félicité de la position du ministre français des Affaires étrangères : « Nous sommes très satisfaits des déclarations de M. Juppé. C’est une très bonne chose. Il faut que la France lâche (le président tchadien Idriss) Deby ».
La politique de redéploiement militaire de la France
Alain Juppé avait insisté, ce mardi 5 juin 2011, devant les députés, sur « la politique de redéploiement de la France » et donné l’exemple de la Côte d’Ivoire : « Je vous rappelle que la force Licorne en Côte d’Ivoire, de 1 700 militaires au plus fort de l’intervention, va être réduite à 300-400 hommes à la fin de cette année », avait-il ajouté.
Déjà en 2008, c’est le président français, Nicolas Sarkozy, qui avait annoncé une refonte de la présence militaire française en Afrique, avec une nouvelle approche : la renégociation des anciens accords de défense liant Paris et ses anciennes colonies et une approche plus européenne des relations de sécurité avec le continent.
C’est ainsi qu’en avril 2010, les troupes françaises stationnées au Sénégal ont commencé à être rapatriées. Actuellement, la France compte encore deux bases permanentes en Afrique : Djibouti et Gabon.