Libye : les rebelles à l'école du jihadisme de Darnah

Alors que la polémique enfle sur le parachutage d'armes par la France à la rébellion libyenne, cette dernière voit affluer des combattants jihadistes qui viennent apporter leur expérience de la guérilla à des volontaires peu entraînés. A Darnah, une des villes les plus conservatrices du pays, ceux qui combattaient l'Otan en Afghanistan, se battent désormais à ses côtés, expliquant faire passer l'intérêt du peuple libyen avant leurs préoccupations idéologiques.

Avec nos envoyés spéciaux à Darnah,

Djellaba blanche écrue et épaules carrées, Abdul Hakim al-Hassadi a mis sur pied la brigade Buslim, du nom de la prison libyenne où il a été incarcéré et torturé. Ce jihadiste transmet aux shebabs, ces jeunes combattants volontaires et souvent gauches, son expérience acquise auprès des talibans en Afghanistan. Aujourd’hui, sur le front d’Adjabiya (est), il respecte les consignes de l’Otan, dominée par ses anciens ennemis les Américains, mais il n’y voit aucune contradiction. « Qu’auriez vous fait à ma place ? Que feriez-vous, si votre ancien ennemi s’interposait pour empêcher quelqu’un de violer votre fille ?  », se justifie-t-il.

Abdul Hakim al-Hassadi reconnaît avoir rencontré des chefs d’al-Qaïda en Afghanistan, mais il déplore que des missiles sol-air, pris par les insurgés dans des dépôts de Kadhafi, soient tombés entre les mains d’Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique) au Mali. « C’est quelque chose que nous regrettons, explique-t-il. Toutes ces armes doivent servir à affaiblir Kadhafi, aucune munition ne doit quitter la Libye ». L’islamiste, âgé de 46 ans, affirme œuvrer pour une Libye démocratique et dit respecter le Conseil national de transition, car « si ce n’était pas le cas, cela fait longtemps que nous l’aurions renversé ».

« Nous ne combattons pas pour qu'un nouveau despote prenne les rênes »

Abdul Hakim al-Hassadi, dont l’unité comprend une dizaine de jihadistes ayant combattu en Irak, lance toutefois cet avertissement à l’ancien ministre de laJustice et chef des insurgés, Moustapha Abdeljalil : « Nous exigeons de réels changements nous ne combattons pas pour qu’un nouveau despote prenne les rênes de la Libye».

La France a admis ce 29 juin avoir livré des armes aux insurgés en mai dernier. Selon Paris, ces livraisons ne concerneraient que des armes légères, larguées à l'occasion d'opérations d'aide humanitaire en mai dernier. Le but de l'opération étant de permettre aux « populations civiles menacées » de « se défendre ». Les autorités maliennes ont récemment récupéré des missiles sol-air de type russe Sam-7, dérobés dans des dépôts de Mouammar Kadhafi, au cours d'opérations de ratissage de zones détenues par l'Aqmi.
 

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