Demande en France d’une commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara

Le 15 octobre 1987, l’ancien président burkinabè, Thomas Sankara, était assassiné au cours d’un coup d’Etat mené par l’actuel président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Faute d’enquête judiciaire au Burkina Faso, plusieurs députés de l’opposition burkinabè se tournent vers la France.

Douze députés de l’opposition du Burkina Faso ont demandé à leurs homologues français l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara, évoquant la « coopération entre les deux pays » et « les valeurs démocratiques de la France ».

L’annonce a été confirmée, ce mardi 28 juin 2011, lors d’une conférence de presse, à Paris, à laquelle participaient les 12 députés de l’opposition burkinabè et 21 députés français. Une demande, par ailleurs, qui est faite, à l’instar de ce qu’avait fait le Parlement belge sur la mort de Patrice Lumumba.

A ce jour, l’assassinat de Thomas Sankara n’a encore jamais fait l’objet d’une enquête judiciaire. Au Burkina Faso, les procédures ont été bloquées et les plaintes déposées par l’épouse de l’ancien président, Mariam Sankara, et ses deux enfants n’ont jamais abouti. « Je me suis laissé convaincre que si Blaise Compaoré ne tombe pas, point de vérité, point de justice pour Thomas Sankara », en avait conclu, en 2002, l’un des avocats de la famille Sankara, maitre Bénéwendé Sankara (sans lien de parenté).

Demande d’enquête confirmée mais pas encore acceptée

En France, la demande est confirmée mais encore faut-il que cette demande d’enquête parlementaire soit acceptée par la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Toutefois, et même si la demande est rejetée, la démarche est symboliquement importante.

C’est le sentiment de maitre Bénéwendé Sankara, chef de file de l’opposition burkinabè et toujours avocat de la veuve de Thomas Sankara qui était présent lors de la conférence de presse à Paris. Au micro de RFI, il explique qu’il est du devoir des parlementaires d’exiger l’ouverture des archives françaises et il se dit confiant.

La France mise en cause

Dans la proposition de résolution, envoyée à la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, et qui demande la création de cette commission d’enquête, il est rappelé que plusieurs témoignages mettent en cause la France et ses services secrets. Il est également précisé que Thomas Sankara irritait de nombreux responsables politiques de tout bord, tant dans les partis de gouvernement en France qu’en Afrique de l’Ouest. Ainsi, et selon les députés français, plusieurs questions restent sans réponse, auxquelles ils estiment devoir répondre et qui sont les suivantes : « Pourquoi Thomas Sankara a-t-il été assassiné ? Comment cet assassinat a-t-il été rendu possible ? Quels rôles ont joué les services français et les dirigeants français de l’époque ? La DGSE savait-elle ce qui se tramait et a-t-elle laissé faire ? ».

Au micro de RFI, Noël Mamère, député de Gironde et initiateur de cette demande, affirme que si la démarche était acceptée, ce serait un vrai bouleversement car avec l’ouverture d’une commission d’enquête, il y aurait aussi une demande de la levée du secret défense.

Partager :