Mortalité infantile: Gavi introduit un nouveau vaccin au Sierra Leone

L’Alliance Mondiale pour les Vaccins et l’Immunisation (Gavi), organise sa première Conférence des donateurs lundi 13 juin 2011 à Londres. L’arrivée de deux nouveaux vaccins a bousculé la donne et Gavi a du revoir ces prévisions à la hausse. La Sierra Leone est l’un des premiers pays à avoir bénéficié d’un vaccin luttant contre la pneumonie. Un vaccin qui suscite beaucoup d’espoir.

Gavi a permis la vaccination de 288 millions d’enfants dans les pays du Sud depuis l’an 2000 : polio, tétanos, coqueluche, diphtérie… une vaccination de routine généralisée en Europe depuis les années 50. Les pays en voie de développement auront eux dû attendre le passage au nouveau siècle ! L’un des objectifs de Gavi est justement de diminuer cet écart en améliorant l’accès à la vaccination dans les pays pauvres. Un intervalle réduit à une petite année pour les deux nouveaux vaccins anti-pneumocoques et anti-rotavirus.

Ces deux germes infectieux qui provoquent des pneumonies et des diarrhées, relativement bénins dans les pays développés, sont responsables de près de 40% des cas de mortalité infantile dans les pays du Sud. Mais l’arrivée sur le marché de ces deux nouveaux vaccins a également modifié considérablement les prévisions de Gavi. Aujourd’hui pour pérenniser les campagnes de vaccination de routine et permettre l’introduction des deux vaccins « rota et pneumo » dans 40 pays, Gavi a besoin de 3,7 milliards de dollars supplémentaires.

Avec l’un des taux de mortalité infantile les plus élevées au monde - près d’un enfant sur 5 - la Sierra Leone a été l’un des tout premiers pays à pouvoir bénéficier du vaccin anti-pneumocoques, dès janvier 2011. Le vaccin est disponible dans les hôpitaux et les centres de santé qui organisent des journées dédiées aux vaccinations. Une multitude d’enfants et de femmes se pressent alors dans les « salles d’immunisation », munis des petits carnets jaunes de vaccination. Au Sierra Leone, chaque enfant doit désormais en posséder un : il y a un an le pays a officialisé les soins gratuits pour tout enfant de moins de 5 ans, les femmes enceintes ou les femmes qui allaitent.

Courbes de croissance, évolution du poids, les petits carnets sont annotés avec précision. « Cela permet de mieux suivre l’état de santé des enfants et surtout de pouvoir envoyer les cas graves ou inquiétants rapidement à l’hôpital si besoin », précise Prince Kové, chargé du contrôle au Centre de santé de Djembé à l’est du pays. Pour être sûr que chaque enfant soit vacciné, des équipes « volantes » partent dans les campagnes frapper à la porte de chaque maison. Munie d’une craie, Issata, infirmière, va inscrire quelques sigles sur le mur : combien d’enfants de moins de 5 ans vivent ici ? Les carnets de vaccination ont-ils pu être vérifiés ? Quelles sont les vaccinations dont les enfants ont bénéficié ? Les carnets de vaccination ne sont pas toujours retrouvés et les enfants sont alors envoyés au centre de santé dont ils dépendent.

Toutes les familles référées se rendront-elles dans ces centres ? « Nous n’avons pas de solution parfaite », concède Mahibo Mdoe, le représentant de l’Unicef chargé de la distribution des vaccins. « Nous sommes conscients des difficultés. Dans un pays où il y a peu de routes, de ponts, et où une partie du pays est inaccessible pendant six mois à cause de la saison des pluies, la logistique est difficile ! Et en matière de gouvernance, nous devons nous assurer que les médicaments arrivent là où ils sont supposés arriver ! »

Transparency International continue de classer la Sierra Leone comme l’un des pays où le taux de corruption est le plus fort. Même si les vaccins sont plus épargnés - les produits de prévention ne sont pas « recherchés » et donc volés et vendus sur le marché noir - la corruption atteint le secteur médical. Walter, jeune médecin expatrié pour l’ONG allemande Cap Adamou, travaille à l’hôpital de Ola During de Freetown : « Nous avons régulièrement des témoignages de mamans qui nous disent avoir dû payer pour des soins qui sont supposés être gratuits. » Une situation préoccupante que la création d’une Commission anti-corruption en 2008 ne semble pas avoir changée outre-mesure. En 2010, l’Unicef a travaillé de concert avec des communautés locales. Des groupes de « citoyens responsables » étaient chargés d’alerter les autorités judicaires lors de la vente de rue de médicaments volés ou lors de détournement de camions chargés de moustiquaires. Une initiative de la société civile qui semble avoir porté ses fruits.

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