La mesure vise les militaires victimes de purge sous les régimes de Mohamed Khouna ould Haidalla, qui a dirigé la Mauritanie de 1980 à 1984, et de son successeur Maaouiya ould Taya, en poste jusqu’en 2005. Durant ces 25 années, certains soldats avaient été radiés ou dégradés suite à des accusations de participation à des tentatives de putsch, d’autres simplement parce qu’ils étaient noirs.
Les plus grandes purges dans l’armée ont en effet eu lieu entre 1989 et 1991. A cette époque, l’ensemble du pays avait été en proie à de violents affrontements communautaires. Ils avaient mené à l’expulsion ou la fuite de milliers de Négro-Mauritaniens vers l’étranger, ainsi qu’à la mort de centaines d’autres, y compris dans l’armée. C’est ce qu’on appelle en Mauritanie, le «passif humanitaire».
Pour le ministre de la Défense, c’est justement «dans le cadre du règlement du passif humanitaire des personnels de l'armée, que le gouvernement a décidé d'accorder des primes forfaitaires de soutien » aux militaires concernés par des « différends qui sous les régimes précédents, ont ébranlé la cohésion nationale du pays et entravé sa marche vers le progrès ».
Le ministre a précisé que l’initiative émane du président Ould Abdel Aziz, qui espère ainsi « engager le pays dans la voie d'une véritable réconciliation nationale ». Plus de 900 militaires sont concernés. Les primes varieront de 1 500 à 5 000 euros. Pour les pensions, les montants seront accordés en fonction des grades détenus avant les évènements. Au total, plus de 3 millions d’euros seront versés.