En Côte d’Ivoire, la ville de Duékoué n’en finit pas de panser ses plaies

L’ouest de la Côte d’Ivoire a payé au prix fort les violences post-électorales. Dans son rapport, l’Onuci fait état de 1 012 tués au moins, dont 505 dans la seule ville de Duékoué. Dès le mois de janvier 2011, des déplacés ont commencé à affluer à la mission catholique de Duékoué. Après le 29 mars et la prise de la ville par les FRCI d'Alassane Ouattara, 30 000 personnes, en grande majorité issues de l’éthnie guéré, y étaient installées dans des conditions désastreuses. Deux mois après, rien n’est réglé comme ont pu le constater les envoyés spéciaux de RFI sur place.

Avec nos envoyés spéciaux à Duékoué,

Les déplacés qui ont trouvé refuge à la mission catholique voudraient bien rentrer chez eux comme on tente de les en convaincre. Mais, comme l’explique un des hommes, rien n’est moins simple… Soupçons d’être un ex-milicien, maison détruite, absence d’eau et d’électricité, rendent souvent impossible le retour au village. 

Au quartier Carrefour, tout n’est que ruines… Le président du « Comité retour » de la ville, raconte l’« opération » des 29 et 30 mars menée par les FRCI (Forces républicaines de Côte d'Ivoire) et les très redoutés Dozos. Ils ont bouclé le quartier et ils ont fait l’« opération » qui, selon lui était coordonnée, organisée, pensée et planifiée. 

A la mission catholique on soigne les blessés, nombreux, on porte le deuil des morts encore plus nombreux et on célèbre la vie. Celle de tous ces bébés qui naissent à la mission catholique ; depuis février, plus de 200 naissances ont eu lieu ici, et comme le dit Koffi qui aide les femmes à accoucher, « aider quelqu’un à donner la vie, cela dépasse tout ». 

Les Forces républicaines d'Alassane Ouattara, président ivoirien investi le 21 mai, avaient pris Duékoué le 29 mars au lendemain d'une offensive lancée depuis l'ouest, qui allait conduire à la chute de l'ex-chef d'Etat Laurent Gbagbo après plus de quatre mois de crise post-électorale.
M. Ouattara a promis qu'aucun crime ne resterait impuni, et a demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d'enquêter notamment sur les crimes dans cette région. Une commission internationale d'enquête du Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur les violations commises depuis le scrutin de novembre 2010 se trouve actuellement en Côte d'Ivoire et doit rendre compte de ses investigations en juin.  

 

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