De notre correspondant au Sénégal,
Pieds nus sur le linoleum du salon, elles sont assises côte-à-côte dans des chaises droites. Toutes les deux portent le voile. Voile blanc pour Adja Aissatou, la mère de Nafissatou Diallo. Voile plus coloré, bleu et orange pour Daranda, la tante de la victime présumée de Dominique Strauss-Kahn.
Toutes deux racontent l’histoire d’une famille pieuse. D’un grand-père et d’un père dédiés à l’étude de l’Islam. D’une éducation qui s’est faite, pour tous, à l’école coranique, y compris pour Nafissatou. De principes sans cesse réaffirmés, malgré l’éloignement : « chaque fois que je parlais au téléphone à Nafissatou, explique sa mère en langue peul, je lui disais qu’il fallait prier, jeûner, et ne pas faire de mal… comme son père le lui a toujours enseigné… Même aux Etats-Unis, je sais qu’elle respecte les préceptes de l’Islam. »
Adja Aissatou sert son chapelet dans la main, ainsi qu’un téléphone portable. L’appareil, dit-elle, est resté muet depuis les événements de New-York. « Nous sommes inquiets, confie à ses côtés la tante, mais l’éducation que Nafissatou a reçue nous fait croire qu’elle est bien victime ».
Adja Aïssatou Diallo, la mère de Nafissatou, faut-il le préciser, accepte pour la première fois qu’on fasse entendre sa voix pour défendre sa fille.
La mère de la jeune femme dit que depuis l’éclatement de l’affaire, elle pleure énormément et a des difficultés à dormir et manger. « Nous souhaitons que tout cela s’arrête », ajoute la tante, qui dit pour autant ne pas vouloir que l’homme à l’origine de l’affaire aille en prison. « Entre humains, dit-elle, il faut se souhaiter la paix, quoi que fasse l’autre ».
Une interview réalisée avec la complicité de Mamadou Papo Mané à Ziguinchor.