Ibni Oumar Mahamat Saleh était le porte-parole de la Coordination des partis politiques pour la défense de la constitution (CPDC), une coalition de partis d’opposition politiques non armés. Etudiant à Orléans en France puis professeur de mathématiques au Niger puis à l’université de Ndjamena, il avait créé des liens avec les universités et écoles françaises, pour promouvoir l’enseignement des sciences dans son pays.
Le 2 février 2008, des forces rebelles entrent dans Ndjamena pour tenter de renverser le président Idriss Déby. Les combats durent plusieurs jours avant que les rebelles ne soient repoussés. C'est le 3 février qu' Ibni Oumar Mahamat Saleh disparaît. En fin d’après midi, des témoins, dont sa femme, le voient se faire arrêter à son domicile par des militaires, et être emmené.
Un dossier qui n'avance pas depuis 3 ans
Depuis trois ans, le dossier n’a pas avancé malgré la création d’une commission d’enquête tchadienne mise en place en février 2008, suite à la pression internationale. Cette dernière a d’ailleurs estimé que cet enlèvement n’avait pu être réalisé que par des éléments de l’armée nationale. Les évènements de février 2008 ont vu l’arrestation et la disparition de nombreux individus. Une tâche au tableau du parcours d’Idriss Déby, réélu lors de l’élection présidentielle du 25 avril 2011 et qui se pose désormais en rassembleur.
Fin 2010 néanmoins les choses bougent un petit peu, avec la désignation de deux experts internationaux, l’un pour l’Union européenne, l’autre pour l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) pour assister et appuyer la justice tchadienne sur place afin de reprendre l’enquête. Des conclusions devraient être remises en juin 2011. La famille de l'opposant, ses partisans, anciens collègues de mathématiques avec le soutien d'Amnesty International et de quelques députés français mobilisent l'opinion. Et lundi 23 mai, une manifestation est prévue dans la cour du palais de justice de Ndjamena. Elle n'aura finalement pas lieu.