Mauritanie : vers une opération d’identification des victimes des violences interethniques

Le ministre mauritanien des Affaires islamiques a annoncé le lancement d’une opération pour « l'identification et le marquage » des tombes de personnes non identifiées décédées depuis l’indépendance. Une opération qui concerne notamment les centaines de Négro-Mauritaniens disparus lors de violents affrontements communautaires entre 1989 et 1991.

Avec notre correspondante à Nouakchott

« L’Etat lancera, dans les jours à venir, une opération visant à localiser les tombes de Mauritaniens, décédés dans des circonstances ambigües ». C’est l’annonce faite par le ministre des Affaires islamiques, Ahmed Ould Neini.

D’après le ministre, l’initiative vient du président Abdel Aziz qui a donné des instructions spéciales pour élaborer un plan topographique, permettant de localiser et de marquer les tombes de tous les disparus mauritaniens depuis l’indépendance. Toujours selon le ministre, le président espère ainsi « permettre aux parents des défunts de visiter leur tombe et consolider les liens d’union entre toutes les franges du peuple mauritanien ».

Donner une sépulture honorable aux victimes

Cette volonté de consolider l’union nationale fait indirectement allusion aux événements de 1989 à 1991, appelés « passif humanitaire ». De violents affrontements communautaires avaient alors mené à l’expulsion ou la fuite de milliers de Négro-Mauritaniens vers le Sénégal et le Mali, ainsi qu’à la mort de plusieurs centaines d’autres.

Même si l’islam interdit l’exhumation, selon le ministre des Affaires islamiques, cette opération devrait permettre de donner une sépulture honorable aux victimes, comme le réclament depuis des années les familles et plusieurs organisations des droits de l’homme.

Après la prière aux morts en mars 2009, dirigée par Ould Abdel Aziz en hommage aux victimes, et le retour en Mauritanie de plus de 20 000 réfugiés, cette initiative pourrait être un nouveau pas vers le règlement du « passif humanitaire », même si de nombreuses ONG réclament toujours le jugement des auteurs des exactions.

L’opération pourrait aussi concerner d’autres défunts, comme les auteurs du putsch manqué de 1981 et exécutés, ou les morts de la guerre du Sahara Occidental.

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