C'est grâce à un film enregistré par un habitant de Yopougon sur son téléphone portable que l'Onuci a été alertée de l'existence de dix fosses communes sur une parcelle du quartier Doukouré.
Sur ce film, daté du 12 avril, le lendemain de la chute de Laurent Gbagbo, une source interne aux Nations unies explique que l'on voit clairement 68 cadavres étendus à même le sol. Uniquement des hommes. Pour cette source, pas de doute, le massacre a été commis par les miliciens armés par le régime Gbagbo, les soldats pro-Ouattara n'étant pas encore présents à cette date dans cette partie d'Abidjan.
Exécutions sommaires et vengeances
Pour l'heure, dans l'attente d'autorisations des familles ou des autorités judiciaires, aucun de ces corps n'a été exhumé. Les sinistres découvertes ne font peut-être que commencer. Hier, des enquêteurs de l'Onuci se sont rendus dans deux quartiers de Yopougon où ils ont retrouvé quelques tombes individuelles. La bataille d'Abidjan est terminée et sonne désormais l'heure du décompte macabre.
Toutes les victimes, loin s'en faut, ne sont pas mortes au combat. Des témoins racontent que les deux forces pro-Gbagbo et pro-Ouattara se sont livrées à des exécutions sommaires. De jeunes hommes ont été abattus le plus souvent sur un simple soupçon né d'une appartenance ethnique.
Aujourd'hui, à Abidjan, comme dans le reste du pays, la peur a changé de camp et les communautés considérées comme favorables à l'ancien régime vivent dans la crainte de représailles.