Un communiqué des ministères de l'Intérieur et de la Défense annonçait samedi 7 mai dans la soirée l'interdiction de circuler dans Tunis et sa banlieue entre 21h et 5h du matin. Selon les autorités de transition, ce couvre-feu doit permettre de retrouver le calme après les violences et les pillages de ces trois derniers jours dans la capitale.
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées hier samedi en plein centre de Tunis pour demander la démission du gouvernement de transition. Le rassemblement a été dispersé par les forces de l'ordre armées de matraques et de gaz lacrymogènes.
Pour beaucoup de jeunes présents dans la rue, rien n'a changé. Les policiers en civils sont toujours là. Les slogans dénoncent la répression et demandent au peuple tunisien de se révolter.
La crainte d'un retour aux commandes des anciens du régime
Ces dernières semaines, de plus en plus de tunisiens redoutent que le nouveau pouvoir issu de la révolution de jasmin ne revienne sur ses promesses d'instaurer la démocratie. Dernier signe en date : le limogeage samedi de la direction du haut comité des droits de l'homme et des libertés fondamentales de Farhat Rajhi.
Cet ancien ministre de l'Intérieur a annoncé jeudi 6 mai sur Facebook qu’un coup d'Etat militaire était en préparation en cas de victoire des islamistes aux élections du 24 juillet. Selon lui, les gens qui gouvernent la Tunisie depuis l'indépendance ne sont pas prêts à quitter le pouvoir et feront tout pour le conserver.
Pour le ministère de la Défense, de tels propos représentent un grand danger pour la révolution du peuple tunisien et pour la sécurité du pays.
Les manifestants et les journalistes tunisiens semblent partager l'analyse de Farhat Rajhi. Plusieurs journalistes ont été brutalisés par les policiers et craignent un retour à l'ancien régime.