Les tirs de grenades lacrymogènes fusent, certaines dangereusement dirigés directement sur les manifestants. Plus d’une vingtaine de personnes sont interpellées. Pendant trois heures, plusieurs centaines de jeunes s’étaient rassemblés à l’appel de la Coordination du 25 février pour une journée de la colère, bloquant la circulation au centre de la capitale.
« Aziz dégage ! », scandent ces manifestants. Lancé ce 25 février dernier, ce mouvement de contestation avait rassemblé quelques milliers de personnes à plusieurs reprises avant de s’essouffler. Lundi, les jeunes étaient à nouveau au rendez-vous. Il y a deux mois, ils demandaient au gouvernement de faire des réformes économiques et sociales. Depuis, leur discours s’est radicalisé.
« Au début, on demandait des réformes tout à fait réalistes et réalisables qu’on a envoyées au pouvoir public, explique Cheikh Ould Jiddou, un responsable du mouvement. La seule réponse qu’on a eu, c’est la répression, c’est les arrestations, c’est qu’on nous ignore, c’est qu’on nous méprise. Et aujourd’hui, deux mois après, nous avons décidé d’exiger que Aziz dégage. Il n’y a pas d’autre solution.
La mobilisation ne va que s’accentuer parce que les Mauritaniens en ont ras-le-bol de ce régime et il est temps de le dire haut et fort. C’est vrai qu’on n’est pas encore arrivé à briser le mur de la peur que l’Etat mauritanien a constitué depuis 1960, mais on y arrivera demain, après-demain, certainement ».