RFI : Choi Young-jin , hier soir vous avez frappé les armes lourdes de Laurent Gbagbo, mais n’aviez-vous pas déjà neutralisé ces armes lourdes il y a une semaine ?
Choi Young-jin : Si. On a fait une première phase, mais ils ont sorti d’autres armes lourdes. Il faut engager encore une autre nouvelle action pour les neutraliser.
RFI : Comment se fait-il que vous n’ayez pas réussi à détruire toutes les armes lourdes, lors de la première action lundi dernier, le 4 avril ?
C.Y.J. : Puisqu’ils cachent ces armes dans un hangar à l’intérieur d’un abri, on ne les voit pas si facilement. Mais depuis hier, dimanche 10 avril, nous avons fait [des opérations] de reconnaissance pendant la nuit, et pendant la journée, et nous avons identifié assez d’armes lourdes pour les neutraliser.
RFI : Dans une interview à RFI jeudi dernier, Laurent Gbagbo nous a dit que toutes ces armes lourdes avaient été détruites.
C.Y.J. : Ce Monsieur-là confond toujours la vérité avec le mensonge. Donc il faut faire attention à ce qu’il dit.
RFI : Vous avez été surpris par l’attaque de ce samedi contre l’Hôtel du Golf ?
C.Y.J. : C’était inattendu, puisqu'ils étaient plutôt sur des positions défensives et je me demandais si c’était suicidaire ou non. Pourquoi ont-ils fait cette attaque désespérée?...
RFI : Le porte-parole de Laurent Gbagbo dit que ce n’est pas son camp qui a attaqué l’Hôtel du Golf ce samedi.
C.Y.J. : Deux plus deux devient cinq pour lui et la vérité devient un mensonge, un mensonge devient vérité. On renverse toutes les significations. La vérité devient un mensonge, un mensonge devient la vérité.
RFI : Mais si la bataille continue, est-ce que vous ne craignez pas un enlisement ?
C.Y.J. : Mais il [Gbagbo] est de plus en plus épuisé. Il a tout perdu, toute l’étendue du sud du pays. Il a perdu le nord d’Abidjan, il a perdu l’ouest d’Abidjan, il est réduit au centre. Aussi, il a de moins en moins d'armes. Donc je crois qu’il est dans une position très précaire.
RFI : Oui, mais tout de même, est-ce que le camp de Laurent Gbagbo n’a pas gagné du terrain dans la journée de samedi ?
C.Y.J. : Oui, mais c’est plutôt dans le sens que les deux postes de résistance se trouvent au centre d’Abidjan. Mais il est toujours coincé au centre d’Abidjan. C’est tout. Il a perdu l’aéroport, il a perdu le port, il a perdu le contrôle de l’eau et de l’électricité. Grâce à l’intervention Licorne, nous allons maintenant lui résister partout à Abidjan. Notre quartier était privé de l’eau depuis une semaine, mais la Licorne avec notre appui, a pris le contrôle des réseaux de distribution de l’eau et d'électricité. C’est assuré maintenant. C’est sécurisé. Je tiens à remercier la Licorne à cette occasion.
RFI : Choi Young-jin , quels sont les quartiers que tiennent encore les forces fidèles à Laurent Gbagbo ?
C.Y.J. : Le centre d’Abidjan, le Plateau et Cocody. C’est tout. Le Plateau et Cocody, et un peu du sud d’Abidjan, tel que Kumassi, où se trouve encore le camp de la garde républicaine.
RFI : Est-ce que vous ne craignez pas que la bataille dure encore des jours, voire des semaines ?
C.Y.J. : J’espère que cela ne durera pas longtemps, mais nous sommes prêts. Je suis dans le bunker. Nous avons évacué les civils non essentiels. On ne connaît pas exactement la capacité de ce Monsieur, mais on est prêt. On est prêt. C’est une guerre de nerfs, de patience… On est prêt.
RFI : Est-ce que vous ne risquez pas de porter atteinte à la personne de Laurent Gbagbo, si vous attaquez Cocody, et tout particulièrement la résidence où habite Laurent Gbagbo ?
C.Y.J. : C’est à lui de choisir. Vous savez, la semaine dernière il nous a fait une demande, en disant : « Nous avons besoin de votre protection. Donc, venez sécuriser la résidence ». On était là. Voilà. On était en embuscade. Le général qui a mené cette opération a failli être tué. Il a été sévèrement attaqué, mais il est revenu vivant. C’est le général Niang, un Sénégalais ; il a été très courageux… Donc vraiment, c’est à lui de décider
RFI : Alors, Monsieur Choi Young-jin, il y a eu donc un début de négociation entre Monsieur Gbagbo et l’Onuci, et un général de l’Onuci, le général Niang, s’est approché de la résidence de Laurent Gbagbo ? C’est bien cela ?
C.Y.J. : Oui. C’est moi qui ai reçu l’appel de la part du président Gbagbo : un coup de téléphone d’un des conseillers les plus proches de Gbagbo, qui nous a dit : « Venez nous sécuriser la résidence, après on va régler cette question d’une façon pacifique ». Donc, j’ai envoyé le général Niang avec un contingent pour sécuriser la résidence. C’est alors qu’il a été pris en embuscade par les forces à la résidence. Et là, il a essuyé des tirs sauvages.
RFI : Et il a réussi à retourner sain et sauf ?
C.Y.J. : Voilà. Mais pour nous, c’était inacceptable.
RFI : Et depuis cette action, il n’y a plus de négociations ? C’est cela ?
C.Y.J. : Ah si. On est toujours en contact. Nous les avertissons des actions que nous allons mener. Par exemple, pour les exfiltrations de plusieurs ambassadeurs que nous avons réussies depuis trois jours, on a averti, on a dit : « On va y aller. C’est une opération pacifique », on les a avertis à l’avance.
RFI : Est-ce que l’une des dernières cartes de Laurent Gbagbo, ce n’est pas le fait que vous avez peur de porter atteinte à sa personne ?
C.Y.J. : Nous n’avons pas un tel mandat. Nous avons le devoir de protéger tout le monde. A moins qu’il tire, alors on contre-attaque. On riposte. C’est à lui de choisir. Nous n’avons aucune intention de porter atteinte à sa personne. C’est à lui de choisir.