Une extrême confusion règne dans la capitale économique ivoirienne. Ce jeudi après-midi, personne ne se hasardait à sortir dans les rues. Si Abidjan est désormais encerclée par les Forces républicaine d’Alassane Ouattara, des cellules dormantes de combattants pro-Outtara du même type que le commando invisible d’Abobo se seraient réveillées. Dans diverses parties de la ville à Koumassy et à Marcory, selon des habitants, des hommes en armes couverts de fétiches circulaient dans ces deux communes et des commissariats et des camps militaires auraient été pris.
Par ailleurs, des coups de feu plus ou moins nourris ont été entendus à Cocody près de la RTI et dans le quartier du plateau, totalement désert jeudi. Des tirs d’armes lourdes ont également résonné près du grand camp de gendarmerie d’Agban et actuellement on entend des tirs au niveau du quartier général de la garde républicaine qui est situé à Treichville.
Des soldats français déployés en Zone 4
Enfin, les soldats de l’opération française Licorne se sont déployés dans le quartier Zone 4, de l’autre côté de la Lagune, après que des ressortissants français ont vu leurs domiciles pillés. Abidjan est aujourd’hui envahie par la peur. La peur qu’une bataille de rue s’engage dans les prochaines heures ou les prochains jours.
En Côte d'Ivoire, chacun se demande si le président sortant, qui n’a jamais été en si mauvaise posture, va démissionner, demander des discussions directes avec Alassane Ouattara ou bien annoncer qu’il restera jusqu’au bout et quel qu’en soit le prix.
Défections autour de Laurent Gbagbo
Difficile de donner des noms mais effectivement selon nos sources plusieurs généraux de la gendarmerie nationale, par exemple, ont changé de camp. Il y aurait également des défections au sein des unités des forces spéciales, c'est-à-dire des Cecos et de la garde républicaine, même si une partie de ces unités restent loyales à Laurent Gbagbo puisque des témoins ont constaté une concentration de ces éléments devant la résidence de Gbagbo et devant le palais présidentiel.
Les hauts gradés et officiers qui veulent quitter le camp Gbagbo ne peuvent le faire qu'avec un minimum de sécurité. Ils cherchent les contacts de ceux qui peuvent les aider à se mettre a l'abri, explique une source diplomatique à Abidjan. Ces défections de haut niveau sont un revers pour Laurent Gbagbo.
Phénomène frappant aujourd'hui dans les rues d'Abidjan, plus aucune unité de police, de gendarmerie ou de l'armée n'était visible contrairement encore à la journée de mercredi. La hiérarchie militaire semble totalement absente. Le patron de l'Onuci, la mission onusienne, a affirmé cet après-midi que les 50 000 policiers et gendarmes ont quitté Gbagbo.
Point sur l’avancée des Forces républicaines de Ouattara
Dans quelles villes proches d'Abidjan ou dans quels quartiers périphériques sont ces forces pro-Ouattara ? Le secret est bien gardé par le commandement militaire ainsi que par Guillaume Soro.
Ces forces républicaines ont déjà pris le contrôle des principales villes du pays, sans rencontrer de résistance majeure. Yamoussoukro, la capitale politique, mercredi, et San Pedro, premier port d'exportation de cacao au monde, jeudi.
Quelques jours plus tôt, ils contrôlaient Duékoué, Abengourou et Daloa. Depuis donc le début de cette avancée, les troupes fidèles à Laurent Gbagbo, sauf quelques rares exceptions locales, ont officiellement opéré vers Abidjan un « repli » tactique. Mais ce repli dit « tactique » a tout l'air aujourd'hui d'une véritable déroute.