Une intervention au sol en Libye est « explicitement exclue », a réaffirmé le Premier ministre français François Fillon, dans un discours prononcé à l'Assemblée nationale. Pour la France, a-t-il expliqué, il ne s'agit pas de se « substituer au peuple libyen », même si le gouvernement français appelle « au départ de Kadhafi ». « Nous ne conduisons pas une guerre contre la Libye, mais une opération de protection des populations civiles, une opération de recours légitime à la force », a déclaré François Fillon, lors de cette déclaration devant les parlementaires, déclaration faite au nom du gouvernement.
« Il s'agit de protéger la population libyenne, tout en excluant explicitement l'envoi d'une force d'occupation au sol », a-t-il précisé. Il faut dire que des critiques sont apparues contre l'opération lancée samedi dernier par la coalition, sur la base de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU.
Le chef du gouvernement français a par ailleurs souligné quel est le but exact de la France et de ses alliés en Libye, but qui fait l'objet de divergences d'interprétations. « En privant le régime de Kadhafi de sa supériorité militaire, nous voulons offrir au peuple libyen la possibilité de reprendre courage, de définir une stratégie politique ». Cependant, personne ne peut se « substituer à lui. Même si nous appelons au départ de Kadhafi, c'est au peuple libyen et à lui seul qu'il revient de décider de son destin et de ses futurs dirigeants », a poursuivi François Fillon.
Au nom de la France, le Premier ministre français a tenu à « rendre hommage à l'action du Conseil national de transition libyen » en place à Benghazi dans l’est du pays. François Fillon a rappelé que Paris a reconnu ce Conseil comme son « interlocuteur politique », étant en relation « constante » avec lui.
Dans un hémicycle plutôt consensuel, le Premier ministre a rappelé les raisons qui avaient poussé la France à s'engager en Libye. Le colonel Kadhafi, qui avait « décidé de noyer dans le sang la révolte, pariait sur l'impuissance de la communauté internationale, mais Paris a refusé cette fatalité». Nicolas Sarkozy, « fidèle aux valeurs qui fondent notre nation, s'est refusé à une telle indignité », a fait valoir François Fillon, saluant par ailleurs « la détermination » du chef de la diplomatie, Alain Juppé.
Au final, forte du « besoin avéré, sur le terrain, de l'appui des pays de la région, d'une base juridique solide », l'intervention, menée collectivement, était parfaitement légitime, a encore insisté François Fillon. Concernant le déroulement de cette opération, le Premier ministre a assuré que la France appliquait « toute la résolution et rien que la résolution 1973 ».
« A Benghazi, le drapeau tricolore a été levé et ce geste nous place devant nos devoirs, et aujourd'hui, il n'y a ni droite, ni gauche, mais la République », a encore déclaré François Fillon.
Elargissant son propos à l'ensemble de la région, François Fillon a par ailleurs jugé qu'il était de la « responsabilité » de la France d'accompagner le "printemps des peuples arabes" et de tout faire pour qu'il réussisse ».
Formulant le vœu que la Tunisie obtienne d'ici fin 2011 un « statut avancé »
avec l'Union européenne, François Fillon a par ailleurs salué à son tour le récent « discours réformateur du roi du Maroc », Mohammed VI.