L'ONU peine à s'accorder sur une zone d'exclusion aérienne en Libye

Pour la première fois, le Conseil s’est penché sur un projet de résolution prévoyant une interdiction aérienne dans le ciel libyen. Le texte rédigé par la France, le Royaume-Uni et le Liban, a rencontré les réticences de certains membres du Conseil qui n’ont guère d’appétit pour une intervention militaire en Libye, au premier rang desquels la Russie, la Chine et l’Inde.

Les discussions au Conseil de sécurité ont duré près de sept heures, mais l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye n’a pas encore été décidée.

Fait marquant, Nicolas Sarkozy est allé jusqu’à adresser une lettre appelant « tous les membres du Conseil de sécurité à prendre leurs responsabilités ». « Ensemble sauvons le peuple libyen martyrisé ! », s’exclame le président français dans cette missive.

Les discussions étaient dominées par un sentiment d’urgence, alors que les forces loyales au colonel Kadhafi progressent vers Benghazi, bastion de l’opposition. « Kaddhafi est en train de masser ses troupes pour assiéger Ajdabiya [dernière ville avant Benghazi, NDR], affirme Ibrahim Dabbashi, l’ambassadeur adjoint de la Libye à l’ONU, passé à l’opposition. « Si la communauté internationale n'agit pas rapidement, nous allons assister à un vrai génocide » a-t-il plaidé. Le diplomate libyen assure qu’au moins cinq pays arabes sont prêts à participer à l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne.

Ouvrir la voie à des frappes aériennes

Encore faut-il que cette mesure soit adoptée par le Conseil de sécurité. Dans une tentative de court-circuiter la zone d’exclusion aérienne et le parfum d’intervention militaire qui l’accompagne, l’ambassadeur russe Vitaly Churkin a proposé son propre texte, une seule page, appelant à un simple cessez-le-feu entre les parties belligérantes en Libye. « Nous voulions une résolution courte mais avec du punch, pour envoyer un message fort, s’est justifié le diplomate russe à la sortie du Conseil, visiblement agacé. Malheureusement certains membres du Conseil n’en ont pas voulu ».

La France et le Royaume-Uni s’y sont opposés, estimant que cela ne suffisait pas. « Pourquoi voter une résolution appelant à un cessez-le-feu, alors que nous avons déjà demandé la fin des violences dans la résolution 1970 du 26 février, s’interroge Stéphane Crouzat, le porte-parole de la mission française. Nous voulons une résolution beaucoup plus ferme. »

Outre la zone d’exclusion aérienne et l’embargo sur les armes à destination de la Libye, le texte prêt à être voté prévoit d’étendre les sanctions contre le régime libyen (gel des avoirs, interdiction de voyager) à un plus grand nombre de personnes dans l’entourage de Mouammar Kadhafi. Le texte pourrait également ouvrir la voie à des frappes aériennes.

« Nous devons envisager d’aller au-delà d'une zone d'exclusion aérienne », a déclaré la représentante américaine Susan Rice, signalant la levée des dernières réticences des Etats-Unis à une intervention de la communauté internationale en Libye. Le vote doit avoir lieu dans la journée de jeudi.

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