Ouverture du Fespaco, le festival du cinéma africain le plus important

Ce 26 février, la 22e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), au Burkina Faso, ouvre ses portes et présente 475 films. La compétition officielle comprend 111 films et est exclusivement réservée aux films africains et de la diaspora africaine. Dix-huit films, dont six en première mondiale, brigueront le grand prix du Fespaco. L’Etalon d’or de Yennenga, doté de dix millions de francs CFA, sera décerné le 5 mars.

Des réalisateurs mondialement connus comme l’Egyptien Yousry Nasrallah avec Raconte Sherazade raconte et le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun avec Un Homme qui crie concourent cette année dans la compétition officielle du Fespaco et affichent l’ambition de cette 22e édition. L'Afrique de l'Ouest, avec sept films, fait jeu égal avec l'Afrique du Nord. Mais de nouveaux venus comme Ribeiro Joao du Mozambique avec The last flight of the flamingo ou Jahmil X. T. Qubeka d’Afrique du Sud avec A small town called Descent, aspirent également au sacre.

Révolutions et réalisateurs

Avec les soulèvements et révolutions dans le monde arabe, certains réalisateurs se retrouvent soudainement sous les feux des projecteurs à la Biennale de Ouagadougou. L’Algérien Dahmane Ouzid présente Essaha (La place), l’Egyptien Abdel Aziz Sameh montre The wedding, le Marocain Latif Lahlou concourt avec Ad-dar lakbira (La grande villa) dans la compétition officielle. Le court-métrage tunisien Tabou de Meriem Riveill ne nous laissera pas indifférents. Etant donnée la situation actuelle en Côte d’Ivoire, Le mec idéal de l’Ivoirien Owell Brown sera certainement aussi plus qu’un simple film.

Après une quinzaine d’années d’absence, l'Egypte revient avec deux longs métrages au Fespaco et a causé quelques frayeurs aux organisateurs, révolution oblige, rapporte l’AFP. « Pendant plus d'un mois, nous sommes restés sans contact » avec les réalisateurs sélectionnés « à cause des événements là-bas », a expliqué le délégué général du Fespaco Michel Ouédraogo. Il n'a eu qu'en début de semaine la confirmation de leur présence. Cinéma et liberté : le duo devrait inspirer les festivaliers et les membres du jury, parmi lesquels la directrice des Journées cinématographiques de Carthage (Tunisie), Dora Bouchoucha. Pour Ardiouma Soma, chargé de la sélection au Fespaco, « le mouvement qui est en train de se manifester dans le monde arabe est d'ailleurs la conséquence logique de l'influence positive des images des grandes démocraties sur ces peuples ».

Cinéma africain et marchés

Parrainée par le scénariste, acteur, écrivain et grand historien congolais Elikia M'Bokolo, cette édition sera placée sous le thème « Cinéma africain et marchés ». Avec un budget de 1,5 million d’euros, largement financé par le gouvernement burkinabé et l’Union européenne, le Fespaco essaie de reconstruire le cinéma africain qui a du mal à

s’imposer sur la scène internationale. Le cinéma africain représente actuellement seulement 3% des parts du marché mondial. Le 15e Marché international du Cinéma et de la télévision (MICA) met en relation les acheteurs et distributeurs professionnels qui affluent de toutes parts.

Dans beaucoup pays africains, nombre de salles de cinéma ont fermé. L’absence du film africain sur son propre marché s’accentue. Sur la scène internationale, le 7e art africain est très peu présent. Rien n’y fait, pour les organisateurs du Fespaco, le cinéma africain est en pleine vitalité. 475 films ont tenté leur chance alors que 300 étaient attendus. Au final, 195 œuvres ont été retenues, dont 111 en compétition dans les catégories longs et courts métrages, diaspora, TV-vidéo et documentaires, qui seront projetées dans douze salles.

Contre le « sida culturel »

En même temps, le Fespaco veut combattre la piraterie, un « sida culturel », selon les mots de Michel Ouédraogo : « La piraterie est une véritable plaie, une gangrène qu’il faut enrayer pour ne pas laminer la production cinématographique africaine. (…) Le cinéma africain marche aujourd’hui sur une seule jambe parce que la piraterie et la disparition des salles ont gangrené l’autre. Il faut faire en sorte que la deuxième jambe ne soit pas amputée totalement pour que la cinématographie ne s’écroule et ne meure définitivement », alerte-t-il.

Au-delà de la compétition, le Fespaco 2011 rendra notamment hommage au comédien malo-burkinabè Sotigui Kouyaté, disparu en 2010. Le 1 mars aura lieu l’inauguration des sculptures de bronze des réalisateurs malien, Souleymane Cissé et burkinabé Gaston Kaboré.

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