Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
En toile de fond, il y a des enjeux colossaux qui expliquent l’extrême prudence de Rome. Après trente ans de négociations, les deux pays ont signé en 2008 un traité d’amitié et de coopération, pour panser les blessures du passé colonial.
Ce traité c’est, d’un côté un dédommagement de cinq milliards de dollars sur vingt ans. De l’autre, la garantie du contrôle des côtes libyennes et de bonnes affaires pour les entreprises italiennes.
Cet accord a déjà porté ses fruits. Les débarquements de migrants provenant des côtes libyennes, ont diminué de 90 % entre 2009 et 2010. Les liens économiques se sont renforcés. Si bien qu’aujourd’hui l’Italie se trouve dans une situation très délicate.
La Libye est son premier fournisseur en pétrole et son troisième en gaz. Le géant italien des hydrocarbures ENI, mène d’importantes opérations en Libye. Impregilo, premier groupe de construction italien, est un des grands bénéficiaires des bonnes relations bilatérales, tout comme le groupe aérospatial et de défense Finmeccanica.
De son côté, la Libye a investi dans des secteurs stratégiques en Italie. Tripoli est notamment l’actionnaire principal d’Unicredit, première banque d’Italie.
La Libye de demain sera-t-elle un pays aussi respectueux du traité d’amitié ? C’est la question en Une, du quotidien économique Il Sole 24 Ore.