A Abidjan, les partisans d’Alassane Ouattara entendaient tenir un meeting ce samedi matin dans leur fief d’Abobo. Mais à 8 heures 30, les forces de défense et de sécurité ont effectué des tirs de sommation et de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui commençaient à se regrouper près de la gare. Deux heures plus tard, des jeunes ont incendié des pneus pour exprimer leur colère.
Même situation à Koumassi où ce matin des volutes de fumée noire remontaient dans le ciel tandis que les forces de l’ordre ont dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogènes. Cette nuit, c’est à Trechville que des pneus ont flambé et on a pu entendre quelques tirs de kalachnikov.
Les partisans d’Alassane Ouattara qui entendent chasser Laurent Gbagbo du pouvoir ont donc dès hier soir contesté l’instauration d’un couvre-feu nocturne décrété pour tout le week-end dans le pays.
Aucune communication officielle n’est venue justifier cette mesure sécuritaire. Le ministre de la Défense de Laurent Gbagbo parle d’une décision stratégique, sans donner plus de précision. Un proche de Laurent Gbagbo explique quant à lui que ce couvre-feu pourrait être prolongé et durci. Selon cette source, à travers cette mesure, les autorités en place à Abidjan veulent empêcher les manœuvres de déstabilisation venues du camp d’Alassane Ouattara. Des manœuvres qui, d’après le camp de Laurent Gbagbo, sont soutenues par l’Onuci et les soldats français de l’opération Licorne.
Les pro-Gbagbo rassemblés à Yopougon
Au même moment, les partisans de Laurent Gbagbo s'étaient donnés rendez-vous ce samedi à Yopougon pour commémorer un évènement : il y a 19 ans, le leader du FPI (Front populaire ivoirien, parti de Laurent Gbagbo) avait été emprisonné suite à des manifestations à Abidjan. Et cela n’est sûrement pas innocent dans le contexte actuel. Le Premier ministre de l’époque, et donc premier responsable de cette incarcération, était Alassane Ouattara.
A signaler que si les militants de ce dernier sont aujourd’hui empêchés de manifester dans le sud du pays, ce n’est évidemment pas le cas dans la zone sous contrôle des Forces nouvelles. Des marches et des rassemblements ont été organisés dans le nord. Guillaume Soro devait, lui, tenir ce samedi un meeting au stade de Bouaké.
Alors que, depuis plusieurs semaines, la situation était plus calme en Côte d’Ivoire, on assiste donc à un regain de tension tandis que le panel des cinq chefs d’Etat mandatés par l’Union africaine est attendu lundi 21 février à Abidjan.