Tunisie : il y a deux mois s'immolait Mohamed Bouazizi, symbole de la «Révolution du jasmin»

Il y a deux mois Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu à Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie, à 260 km de la capitale. Deux semaines plus tard, le 4 janvier, il décédait de ses blessures à Tunis. Par son geste de désespoir, Mohamed Bouazizi, le jeune vendeur de légumes, humilié, a lancé sans le savoir le début d'un mouvement social qui a abouti à la chute du président Ben Ali. Comment le jeune homme en est-il arrivé là et que s'est-il passé le 17 décembre à Sidi Bouzid ? Rappel des faits.

Mohamed Bouazizi était un diplômé chômeur comme la Tunisie en compte tant. Un jeune

homme qualifié devenu vendeur de fruits et légumes pour aider sa famille. Ce travail, il le fait sans autorisation, alors plusieurs fois les autorités lui saisissent sa marchandise.

A la mi-décembre, il subit une nouvelle humiliation : une policière le gifle. Il cherche à porter plainte mais ne trouve devant lui que des portes fermées. Désespéré, il se rend le vendredi 17 décembre devant le siège du gouverneur de Sidi Bouzid, monte sur son étal de fruits, s'asperge d'essence et allume un briquet. Le geste est radical.

Mohamed Bouazizi est transféré à l'hôpital des grands brûlés de Ben Arous. Le 4 janvier, il succombe à ses brûlures, 5 000 personnes défilent derrière son cercueil en criant vengeance. La contestation repart de plus belle jusqu'à la chute du président Ben Ali.

Le jeune chômeur de Sidi Bouzid, symbole de toute une jeunesse sans perspectives, devient alors un héros. La maison familiale ne désemplit pas. On y fêtait encore il y a quelques jours la chute d'Hosni Moubarak le président égyptien.

Dans le garage, l'étal à demi-calciné de Mohamed Bouazizi est aujourd'hui conservé précieusement. Sa famille dit avoir refusé de le vendre. Pourtant deux acheteurs du Yémen et d'Arabie Saoudite auraient proposé 10 000 euros.

A Sidi Bouzid, depuis plusieurs semaines, la modeste maison sans confort de Mohamed Bouazizi ne désemplit pas. Et sa mère, malheureuse mais fière aussi, parle de son fils comme d'un héros. Mannoubia Bouazizi, dit que son fils a laissé un grand vide, qu'il était pauvre mais fier. Elle évoque son agression par une femme agent municipal qui l'a humilié. Il a été atteint dans sa dignité dit-elle pour expliquer son geste. Elle appelle lesTunisiens à se souvenir de son geste car c'était un refus total de la dictature.

En France, à Paris, une rue ou une place portera bientôt le nom de Mohamed Bouazizi pour lui rendre hommage. Ian Brossat, président du groupe communiste au conseil de Paris, a porté cette proposition adoptée, -fait rare-, à l'unanimité. Pour lui, Mohamed Bouazizi est devenu, de fait, le symbole de la révolution tunisienne. Lui donner le nom d'une rue ou d'une place à Paris, c'est, selon lui, dire tout le soutien de la capitale française à ceux qui se battent pour la liberté.

Selon le maire de Paris, né à Tunis, cette décision du conseil de la capitale « est déjà appréciée » en Tunisie. Bertrand Delanoë se rendra dans le pays à partir de demain à l'invitation de la Ligue tunisienne des droits de l'homme et de l'Association des femmes démocrates tunisiennes.

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