Crise ivoirienne : le président de la commission de la Cédéao critique le rôle de l’Afrique du Sud

Le président de la commission de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao), le Ghanéen James Victor Gbeho, n’a pas mâché ses mots, à l’issue de la restitution du rapport de l’Union européenne sur le scrutin ivoirien. Lors d’une conférence de presse, tenue le 8 février à Abuja, la capitale fédérale, siège de la Cédéao, il a sévèrement critiqué les tentatives de compromis de certains pays notamment l'Afrique du Sud avec le président sortant, Laurent Gbagbo. Il a indiqué qu’en cas d’échec de la mission de l’UA, la Cédéao n'hésiterait pas à prendre des mesures nécessaires pour que le pouvoir revienne au président élu, Alassane Ouattara.

Le président de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest a affirmé que la solidarité initiale de la communauté internationale face à la Côte d'Ivoire s'érodait rapidement.

« Certains d’entre nous sommes préoccupés par le fait qu’au nom d’intérêts particuliers quelques pays sont en train de briser la tradition de subsidiarité qui prévaut au sein de la Cédéao et de l’Union africaine, a-t-il déclaré. Jusque-là, la tradition voulait que si un problème survenait dans un endroit particulier du continent, c’était la région qui prenait des mesures et tout le monde appuyait. Mais au moment où nous parlons, un navire militaire sud-africain est stationné au large de la Côte d’Ivoire. Je suis surpris qu’un pays aussi éminent que l’Afrique du Sud décide d’envoyer une frégate à un tel moment ». 

Le dialogue doit respecter le souhait du peuple ivoirien

James Victor Gbeho, a déclaré que la présence du navire de guerre sud-africain ne pouvait que compliquer davantage la situation en Côte d'ivoire : 

«Apparemment, au nom d’intérêts géopolitiques, certains pays sont prompts à montrer que nous avons échoué. Ils estiment que Laurent Gbagbo serait le vainqueur, et que donc ils doivent négocier. La Cédéao n’a jamais eu peur du dialogue mais nous avons été très clairs sur le fait que tout dialogue doit respecter les souhaits du peuple ivoirien sous-entendu, quel que soit la combinaison qui sortira».

Il ajouta avec fermeté que « Alassane Ouattara doit demeurer le chef de l’Etat de la Côte d’Ivoire. Il y a des pays de la Cédéao qui ont exprimé une certaine réserve sur l’usage de la force, mais aucun sur le fait qu’Ouattara avait gagné l’élection. Donc on va voir ce qui va sortir de l’initiative de l’Union africaine. Si cela résout la crise en Côte d’Ivoire, c’est tant mieux pour tout le monde. Si cela échoue, la Cédéao n’aura aucune crainte à prendre des mesures ».

Henri de Raincourt rencontre Blaise Compaoré

Dans ce contexte, le ministre français chargé de la Coopération, Henri de Raincourt, était en déplacement ce mardi au Burkina Faso. Il a évoqué le dossier ivoirien avec le président Blaise Campaoré (qui fait partie du panel des cinq chefs d'Etat désignés par l'UA). Il a réaffirmé la position de la France dans cette crise.

Réactions en France après une visite avortée de parlementaires UMP en Côte d'Ivoire

Par ailleurs, l'UMP resserre les rangs après le déplacement annulé à la dernière minute d'une délegation de la formation de Nicolas Sarkozy auprès de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire le week-end dernier. Une affaire qui soulève la consternation à l'Assemblée nationale, dans l'opposition mais également dans les rangs de la majorité.

 

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