Les relevés téléphoniques permettent de suivre la macabre randonnée du corps de Floribert Chebeya, probablement mort à l’inspection générale de la police et transporté dans sa propre voiture en direction d’un quartier éloigné à l’autre bout de Kinshasa, vers la route de Matadi.
Là, où on le retrouvera le 2 juin au matin, dans une mise en scène essayant de faire croire qu’il aurait été victime d’une prostituée qui y aurait laissé des mèches de cheveux et des faux ongles.
L’analyse des appels du policier Christian Ngoy montre qu’il s’est déplacé ce soir là dans cette direction et qu’il a appelé à plusieurs reprises son chef le colonel Mukalay, à l’aller comme au retour. La mission a duré trois heures.
Le même Christian Ngoy a ensuite pris la fuite, et l’on retrouve - sur son listing - des communications avec le Général John Numbi, le grand patron de la police à l’époque ; y compris juste avant de prendre l’avion vers Lubumbashi, d’où il a disparu depuis.
Convoqué à la barre, l’accusé Mukalay a trouvé une explication : « nous étions mobilisés », dit-il, « pour mettre fin aux exactions d’un groupe de policiers indisciplinés qui avaient pillé un cybercafé fréquenté par des étudiants ».