Echos de la contestation égyptienne en Iran, en Jordanie et à Genève

Alors que Téhéran mise sur un effondrement du régime de Hosni Moubarak, avec en ligne de mire l'éventuelle perte pour Israël d'un allié essentiel dans la région, les Jordaniens, de leur côté, ne se satisfont pas du changement de Premier ministre. Ils l'ont une fois encore répété ce vendredi 4 février 2011 en manifestant à Amman. Enfin à Genève, la Haut commisaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pilay, a mis en garde les régimes autoritaires qui font fi de la démocratie.

Avec notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghaëzi

Dans un discours particulièrement ferme, l’ayatollah Ali Khamenei a demandé aux Egyptiens de se battre jusqu’au bout pour l’instauration d’un régime populaire basé sur la religion.

Il a qualifié le président Moubarak de « valet des sionistes et des Américains ». Les Israéliens sont les plus inquiets car ils savent que si l’Egypte n’est plus leur allié dans la région, ce sera un événement considérable, a déclaré le guide suprême iranien, alors que la foule a scandé « Mort à Israël ».

Il a également affirmé que le succès des Egyptiens était un échec irréversible de la politique des Etats-Unis dans la région.

L’Iran a rompu ses relations diplomatiques avec l’Egypte, après la signature de l’accord de paix avec Israël en 1978. L’ayatollah Ali Khamenei n’a pas hésité à faire un lien direct entre la révolution islamique de 1979 et ce qu’il a appelé le réveil islamique dans le monde arabe.

Ces manifestations dans les pays arabes interviennent en effet, alors que l’Iran célèbre le 32e anniversaire de la révolution islamique.

 

En Jordanie, revendications et soutien à l'Egypte ne font qu'un

Avec notre correspondante à Amman, Angélique Ferrat

Environ un millier de personnes se sont rassemblées vendredi 4 février 2011 dans la capitale jordanienne a l'appel de plusieurs partis politiques. Malgré le changement de Premier ministre, la mobilisation continue.

Les manifestants insistent sur les réformes. Ils ne veulent pas juste d'un changement de tête. Le défilé s'est terminé devant l'ambassade égyptienne en signe de soutien aux manifestants égyptiens.

Malgré la pluie battante, ils étaient plusieurs centaines entre les drapeaux des partis de gauche ou les drapeaux des Frères musulmans à chanter leur volonté de changement : « Ni Samir Rifaï, ni Bakhit, [NDLR : respectivement l'ancien et le nouveau Premier ministre] le peuple jordanien veut le changement. Pourquoi on se tairait, nous n'avons plus rien a manger ».

Le Premier ministre a été chargé de mettre en place des réformes. Il doit annoncer la composition de son gouvernement samedi ou dimanche prochain. Abou Abdallah, un manifestant, veut du concret et non pas des promesses : « Je manifeste contre la corruption, les fraudes et on veut la dissolution du parlement. Certains députés n'y ont pas leur place à cause de fraudes électorales. La grogne va continuer, on n'a rien obtenu de concret pour l'instant. Le gouvernement a juste donné une augmentation aux fonctionnaires ».

La manifestation s'est terminée devant l'ambassade d'Egypte. On a pu entendre « Moubarak dehors, Moubarak CIA, Gamal dit à ton père que les Egyptiens ne veulent plus de lui ».

 

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