Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Les combats ont commencé mercredi dans l'après-midi après un assaut musclé des partisans du raïs. Les partisans du régime ont même lancé une charge surréaliste de cavalerie et de dromadaires.
On était comme au Moyen Age quand un château était pris d’assaut. Les deux parties ont échangé des jets de pavés, des projectiles extrêmement dangereux. Les Moubarakiens ont aussi utilisé des cocktails Molotov. Selon l’opposition, les partisans du président étaient épaulés par des policiers en civil et des gros bras loués pour l’occasion.
Pourtant, la matinée avait commencé par des manifestations pacifiques. Place Tahrir se trouvaient les anti-Moubarak et la place Moustapha Mahmoud et la Corniche du Nil accueillaient les pro-raïs. Des partis d’opposition avaient même accepté de dialoguer avec le vice-président, le général Omar Souleimane. Mais tout a basculé quand les manifestants de la Corniche ont marché sur la place toute proche de Tahrir.
Le vice-président égyptien Omar Souleimane a appelé mercredi soir les manifestants à
rentrer chez eux et à respecter le couvre-feu. Condition première selon lui pour que le
dialogue avec l'opposition puisse commencer.
Des journalistes couvrants les manifestations au Caire ont été la cible de violence ce mercredi. Selon l’association Reporters sans Frontière (RSF) et différentes rédaction, des reporters, cameraman et photographes ont fait part du climat tendu à l’égard de la presse de la part des manifestants pro-Moubarak.
Plusieurs journalistes ont été violemment pris à partie par des partisans du chef de l’Etat. Plusieurs journalistes de la BBC, d'Al-Jazira, de CNN, d'Al-Arabiya et d'ABC News évoquent même la présence de policiers en civils parmi les auteurs des attaques.
Le quotidien belge, Le Soir, a annoncé que son journaliste, par ailleurs aussi correspondant des journaux suisse Le Temps et français la Voix du Nord, avait été molesté, tabassé puis emmené par des personnes non identifiées en civiles alors qu'il couvrait une manifestation pro-Moubarak au Caire.
Trois journalistes de France 24 ont été interpellés au Caire et sont détenus par « les renseignements militaires » selon la porte-parole de la chaîne français, ajoutant ne pas avoir d’informations quant aux motifs de cette interpellation.