A la veille de l'ouverture du 16e sommet des chefs d'Etat de l'organisation continentale, l'Union africaine doit informer l'ONU de ses dernières décisions sur la crise ivoirienne. Vendredi, le Conseil de paix et de sécurité a annoncé la création d'un groupe de chefs d'Etat des cinq sous-régions d'Afrique, dont les décisions seront rendues d'ici à un mois. Des décisions auxquelles devront se plier toutes les parties ivoiriennes. « Ce qui ne remet pas en cause la reconnaissance par l'UA de la victoire d'Alassane Ouattara à la présidentielle du 28 novembre dernier », précise Jean Ping, le président de la Commission africaine.
D'ailleurs le ministre des Affaires étrangères d'Alassane Ouattara, Gervais Kacou, est bien confiant : « C’est une énième tentative de médiation, mais cette fois-ci c’est une médiation qui part quand même avec dans son bagage un élément central et important, c’est la reconnaissance du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine du seul fait que monsieur Alassane Ouattara est le président élu de la République de Côte d’Ivoire. C’est très important pour nous que ce conseil ait affirmé cela.»
Pour Gervais Kacou le seul sujet à négocier dans cette réunion est le départ de Laurent Gbagbo : « Je crois qu’il y a simplement à négocier une chose qui me paraît évidente, c’est convaincre Monsieur Laurent Gbagbo qu’il a perdu les élections et qu’il doit se retirer démocratiquement à la satisfaction de tous et de lui-même. » Le chef de la diplomatie du gouvernement d'Alassane Ouattara se dit satisafait du fait que l’option militaire n’ait pas été brandie au Conseil de paix et de sécurité : « Je crois sincèrement que ce n’est pas le rôle du Conseil de paix et de sécurité, son nom le dit bien, que de prévoir des mesures coercitives. »
Un autre ministre ivoirien des Affaires étrangères, celui du gouvenement de Laurent Gbagbo, Alcide Djédjé s'est dit exaspéré de l'interférance étrangère dans les affaires de son pays et se réjouit que l'Union africaine est à la recherche d'une « solution africaine » à la crise ivoirienne.
« Ça a été, dit-il, une réunion qui va faire évoluer les choses parce qu’au début il y avait deux choses qui n’allaient pas : une trop grande interférence, notamment du président Sarkozy qui d’une façon un peu désordonnée intervenait à tout bout de champ dans les affaires intérieures de Côte d’Ivoire, je crois que cela agaçait les dirigeants africains. Si vous remarquez dans la conférence de presse du président mauritanien, il a dit qu’il s’agit de trouver une solution africaine par des Africains. C’était la réponse au président Sarkozy. Toujours dans le même temps, les choses sont allées trop vite au début. Il n’appartenait pas aux chefs d’Etat de la Cédéao de dire qui a gagné les élections ou pas, sans avoir amené une équipe pour savoir ce qui s’est passé réellement. Et c’est ce que les chefs d’Etat africains rattrapent aujourd’hui. »