Le meilleur et le plus engagé de la télévision du monde entier

La 24e édition du Festival international de programmes audiovisuels (FIPA) à Biarritz, également surnommé « le Cannes de l’Audiovisuel », vient de s'ouvrir pour sept jours de télévision idéale, avec la présence de 2 500 professionnels du monde entier. Ce sont 300 programmes en provenance des cinq continents qui ont été sélectionnés pour présenter les fictions, séries et documentaires de la télévision de demain. Une section web-programmes sera également à l'honneur.

A l’ouverture du Festival International de programmes audiovisuels (FIPA) à Biarritz, il n’y aura pas Robert De Niro comme président du jury, mais Martin Scorsese sera présent avec « Boardwalk Empire », la série produite par la star américaine pour la chaîne HBO.

Tout un programme, selon le président du FIPA, Olivier Mille : « La présence de Scorsese est un signe fort et symbolique, parce que l’arrivée de Scorsese à la télévision est un très grand événement. Nous avons la chance de montrer le pilote de cette série qui est intégralement produite par Scorsese. Les frontières entre le cinéma et la télévision existent de moins en moins et les talents – les scénaristes, les réalisateurs – passent indifféremment de l’un à l’autre. »

La télévision que défend le FIPA

Au FIPA, la télé ne se considère pas comme un genre mineur par rapport au cinéma. Pendant que la fréquentation dans les cinémas en France bat des records, la production audiovisuelle affiche également une bonne santé, avec toutefois un grand bémol, admet Olivier Mille. « En France, la fréquentation reste bonne. Le vrai problème est quand vous regardez les 100 plus fortes audiences de l’année en France, 70 sont pour les matchs de football et le reste pour la télé-réalité. La télévision que défend le FIPA est une télévision qui dans beaucoup de lieu du monde est plutôt menacée et en régression. On défend une qualité, un engagement d’auteur, une force de films, qui est plutôt en diminution dans le monde. Mais, c’est justement pour cela qu’on existe et pour cela qu’on montre le meilleur et le plus engagé de la télévision. »

Teresa Cavina, la déléguée générale, se targue d’avoir visionné 1 300 œuvres pour faire sa sélection de 64 fictions, séries, documentaires et grands reportages qui courent en compétition officielle et les 48 programmes projetés hors compétition. Priée de citer des exemples, elle souligne que tous ces films méritent de l’attention. Finalement, elle lâche côté fiction son faible pour Petite fille, le film de Laetitia Masson. « On pense que la liberté des femmes, la liberté des choix, c’est un phénomène acquis en Occident, et que cela affecte les femmes turques, arabes ou les femmes qui ne sont pas européennes. Ce film présente une jeune femme qui a envie de s’imaginer un peu différente dans la campagne française. Cela fait rappeler que notre civilisation est très perfectible aussi. »

Les beaux mecs

Côté séries, la production australienne Rake de Peter Duncan et Rachel Ward nous plonge dans l’univers d’un avocat pénaliste qui a tendance à choisir les causes perdues. Une critique corrosive de la société australienne contemporaine. Très attendues aussi, les séries françaises Les beaux mecs de Gilles Bannier et Xanadu de Daniel Grou et Jean-Philippe Amar. « C’est une série courageuse dont la protagoniste est une femme qui a bâti sa fortune sur le sexe », chantonne Teresa Cavina.

Il y a le démarrage de quelque chose en Afrique

Trois films africains seront présents au FIPA : Koukan Kourcia, le cri de la tourterelle (Niger) de Sani Elhadji Magori qui nous propose une rencontre original avec des Nigériens poussées à l’exil. Life (Cameroun/Belgique) de Patrick Epape qui suit le quotidien de jeunes danseuses camerounaises à Douala et Congo en quatre actes (République démocratique du Congo) de Dieudo Hamadi, Kiripi Katembo Siku et Divita Wa Lusala qui peignent des moments de vie au Congo, de l’absurde à l’horrible. « On part de très bas, explique Olivier Mille, le président du FIPA,  il n’y a pas beaucoup de formations, il y a des initiatives – notamment françaises et européennes – pour former des réalisateurs, pour emmener des embryons de moyens en Afrique. Il y a des choses qui commencent à se faire et les documentaires que nous avons au FIPA sont la preuve qu’il y a le démarrage de quelque chose en Afrique. »

2011 sera pire
 

Malgré des sujets forts, des idées créatives et des scénarios originaux, Teresa Cavina se veut alarmante. Elle parle d’une année 2009 très difficile pour les créateurs et d'une année 2010 très tendue. Et 2011 ? « 2011 sera pire. Les producteurs et les professionnels  me disent qu’ils n’ont pas du tout d’argent pour l’année prochaine et il y a déjà des boîtes qui sont en souffrances depuis deux ans, qui ont réussi à survivre en faisant des petits films de commande, même des publicités pour rester en vie, disons en « animation suspendue », pour attendre l’argent pour faire des œuvres qui leur semblent importantes. Je suis sûre et certaine que l’année 2011 ne soit pas meilleure, mais qu’il y a un risque important qu’elle soit pire. »
 
La remise des Fipa d’Or et d’Argent 2011 se tiendra le 29 janvier. A suivre.

Partager :