Sans surprise, le maître-mot de la médiation de Raila Odinga est le dialogue. Selon lui, ses discussions avec Laurent Gbagbo ont été «très utiles». Le médiateur de l'Union africaine dit enfin avoir fait des «progrès dans les discussions», mais il n’a pas dit lesquels.
Une médiation favorablement accueillie par Laurent Gbagbo qui a marqué son accord pour « l'offre de dialogue » proposée par le médiateur de l`Union africaine. Le porte-parole du gouvernement Gbagbo a affirmé, à l'AFP, qu'une « une rencontre entre les deux » rivaux « dépendra de la réponse du camp Ouattara », a déclaré à l'AFP Ahoua Don Mello. Selon l'AFP, le camp Ouattara n'a pas souhaité faire de commentaire.
A la suite de Laurent Gbagbo, Raila Odinga a rencontré, dans la soirée de ce lundi, Alassane Ouattara à l'Hôtel du Golf, où il vit reclu avec son gouvernement depuis 7 semaines, pour, a dit le médiateur kenyan, « lui soumettre les points sur lesquels nous nous sommes mis d’accord avec l’autre partie». A l'issue de cet entretien, le médiateur a qualifié leurs discussions de « très fructueuses » et annoncé leur poursuite, «sous réserve que certaines conditions soient remplies», ce mardi.
Avant d'arriver à Abidjan, Raila Odinga, s'était dit porteur « d'une nouvelle offre de paix » au président ivoirien sortant. «Tous les sujets seront débattus dans le cadre du dialogue, ajoutant qu'il n'y aurait « pas de préalable nécessaire». Sa dernière mission, début janvier, avait été infructueuse.
La Côte d'Ivoire au coeur de réunions de l'ONU et de la Cédéao
Dans ce contexte, ce mardi 18 janvier 2011, le Conseil de sécurité des Nations Unies doit voter ce mardi l’envoi de renforts pour la force de l’ONUCI en Côte d’Ivoire. Et cela dans un contexte de plus en plus tendu où les forces de l’ONU ont été prises pour cible à plusieurs reprises ces derniers jours. La décision devait être annoncée vendredi dernier, mais le Conseil n’était pas parvenu à se mettre d’accord sur le texte de la résolution.
Selon notre correspondant à New-York, ce sont 2.000 soldats supplémentaires que le Conseil de Sécurité doit envoyer en Côte d’Ivoire. Les effectifs de l’Onuci passeront de 7.400 à 9.400 hommes. Des renforts jugés nécessaires par les Nations Unies à un moment où la situation sur le terrain se détériore. L’ONUCI opère dans un climat qualifié par Ban Ki-Moon d’«ouvertement hostile» avec des «menaces directes par les forces loyales à Laurent Gbagbo».
Trois hélicoptères armés seront également redéployés en Côté d’Ivoire depuis la mission des Nations unies au Libéria.
Le texte de la résolution a rencontré des réticences de la part de certains membres, en particulier de la Russie. Moscou, mais aussi la Chine ou l’Afrique du Sud ont jugé le premier texte «trop politique» alors que les Nations unies s’efforcent d’envoyer à Laurent Gbagbo un message très ferme depuis le début de cette crise.
Le plan militaire de la Cédéao
D'autre part, les chefs d'état-major de plusieurs pays membres de la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest se réunissent à Bamako pour discuter de l'éventuel plan militaire à mettre en oeuvre pour faire partir Laurent Gbagbo, si c'est finalement l'option militaire qui est retenue.
Notre correspondant au Mali a pu consulter un document de travail de cette réunion. Dans le document, il est écrit noir sur blanc qu’il faut écarter Laurent Gbagbo du pouvoir le rapidement possible. Plusieurs options sont envisagées, citons-en deux : soit la force de la Cédéao dirige l’intervention, soit ces mêmes forces s’intègrent dans la mission des Nations unies… Quelle que soit l’option militaire privilégiée, la supériorité aérienne constitue une priorité. Autrement dit, il faut contrôler le ciel ivoirien pour pouvoir terrasser Laurent Gbagbo. C’est le Nigéria qui fournira le gros des troupes, suivi du Burkina Faso et du Sénégal. Le Mali, le Togo et trois autres pays on également dit «oui» pour envoyer des troupes si l’option militaire est décidée. On ne connaît pas encore le nombre de militaires qui seront mobilisés.
Sur la table des experts restent plusieurs questions : quelles mesures prendre pour protéger les ressortissants étrangers en Côte d’Ivoire ? Comment -avec des partenaires-, organiser le blocus naval de la Côte d’Ivoire, ou encore comment assurer la sécurité le long de la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Libéria ?
Enfin, la fin de la rencontre de Bamako ne signifiera pas le début des hostilités. Les militaires, au garde à vous, attendront le feu vert des politiques.