Avec nos envoyées spéciales
Boulangeries, épiceries, sont encore fermées… Les magasins ont été mis à sac, des fumées persistent. Les rues de Tunis et de nombreuses autres villes portent donc encore les stigmates des violences et des pillages qui continuent malgré le couvre-feu.
Les habitants, pour la plupart, sont enfermés chez eux, pour se protéger des milices armées. Sans doute celles du président déchu. Et quand ils peuvent, ils s’organisent en comité de défense.
De plus en plus, l’armée se déploie et remplace la police. Ce dimanche matin, au cœur du centre ville de Tunis, l’armée était la seule visible devant le ministère de l’Intérieur, un endroit stratégique. Plus aucun policier n'était présent. L’armée était largement déployée avec barbelés, hommes en armes, des chars et des tanks, postés de chaque côté de l’avenue Bourguiba.
Des chars sont postés sur les axes stratégiques
Et dès qu’on quitte Tunis, là aussi c’est l’armée qui est la plus visible. Des chars sont postés sur les axes stratégiques, vers la présidence notamment, et sur la route de la résidence de l’ex-président Ben Ali à Sidi Bou Saïd, on ne compte plus les check-points. Les militaires sont plutôt cordiaux, les voitures sont fouillées, mais avec le sourire.
Les contrôles effectués par la police sont plus tendus, les policiers gardent leur arme pointée sur la personne contrôlée. Il susbsiste une sorte de lutte de pouvoir autour de la gestion de la sécurité à Tunis, entre l’armée et la police.
A Sidi Bou Saïd, d’ailleurs, des témoins ont signalé des tirs près de la résidence de l’ex-président Ben Ali la nuit dernière. Une tentative de l’armée pour désarmer la garde présidentielle, toujours fidèle à Ben Ali et qui cherche à semer la terreur ici.
« Il fallait que ça finisse comme ça »
Les biens du clan Trabelsi sont presque systématiquement visés par les pilleurs, surtout ceux de la femme du président Ben Ali. Comme RFI a pu le constater sur place, notamment trois villas ont été complètement pillées, offrant une vision surprenante. La porte est ouverte, tout est détruit à l’intérieur, les vitres blindées sont cassées, et la villa accrochée à la colline a toujours cette vue sublime sur la mer.
Les Tunisiens défilent depuis ce matin pour venir voir. Certains repartent avec un objet ou quelques livres sous le bras. Mais la plupart veulent surtout voir. Pour eux, c’est une sorte de musée d’une époque désormais révolue.
« C’est normal que les gens aient eu envie de détruire ces maisons, puisque ces gens-là, il y a vingt ans n’avaient rien, et puis ils ont, en vingt ans, pris toutes les ressources de la Tunisie, construit leurs maisons sur les terrains non constructibles. Donc il fallait que ça finisse comme ça », a confié à RFI l'un des visiteurs rencontrés dans les décombres d'une ville du clan Trabelsi.