Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Exilé depuis 1991 à Londres, où il a obtenu le statut de réfugié politique, Rached Ghannouchi attendait ce moment depuis longtemps et veut agir vite : «l’Intifada tunisienne a réussi à faire tomber la dictature», a-t-il déclaré à la presse avant d’ajouter : «il est temps pour les partis politiques de tenter de remplacer un régime dictatorial par une démocratie et je me prépare, je prépare mon retour».
D’après le quotidien The Times, le chef du parti islamiste interdit sous le régime Ben Ali -qui a aujourd’hui 69 ans-, a également exprimé son intention de discuter avec plusieurs leaders de l’opposition, dans le but de former un gouvernement d’union nationale, bien que Rached Ghannouchi se dise conscient qu’il sera difficile de s’entendre sur un projet de société commun pour des partis politiques qui étaient pour la plupart interdits.
La décision de quitter le Royaume-Uni serait en tout cas un soulagement, à la fois pour le leader de Ennahdha et pour les autorités britanniques car il est clair que depuis les attentats de septembre 2001, les partis islamistes même modérés n’ont plus ici la même liberté d’expression ni de mouvement qu’il y a une dizaine d‘années ; ceux qui avaient pignon sur rue notamment dans la capitale anglaise d’ailleurs surnommée Londonistan, sont désormais surveillés de près voire poussés au départ chaque fois que des accords d’extradition le permettent.