Réunis à Bissau le 23 décembre dernier, les ministres des Finances de l'Uémoa avaient ordonné à la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) d'autoriser uniquement les représentants du président ivoirien « légitimement élu », Alassane Ouattara, à gérer les comptes du pays. Aucun représentant de la Côte d'Ivoire n'avait alors été admis à participer.
Cette fois ci, deux ministres du gouvernement du Premier ministre Guillaume Soro - Charles Koffi Diby (Finances) et Albert Mabri Toikeusse (Plan) - ont participé à la réunion qui a débuté en fin de matinée dans les locaux de la BCEAO. Dans l'après-midi, le gouverneur de la BCEAO, l'Ivoirien Philippe-Henri Dacoury-Tabley, devait donner une conférence de presse très attendue à Bamako mais qui a été annulée à la dernière minute.
Un rôle clé dans la vie économique ivoirienne
Pascal Affi Nguessan, directeur de campagne de Laurent Gbagbo et président de son parti, le FPI (Front populaire ivoirien), ne reconnait pas la décision du conseil d'administration, comme il l'a répété à RFI ce vendredi :
« Il n’y a pas de raison pour que nous n’ayons pas accès à nos comptes. Ce sont nos comptes, ce ne sont pas les comptes d’un autre pays ! Ils sont notre propriété (...) et nous continuons de travailler à faire fonctionner l’Etat, à partir des ressources que nous avons (...) Le Conseil [de la BCEAO] n’est pas compétent pour qu’on ait des questions politiques, et surtout de politique intérieure ! Et sa décision est nulle ».
De son côté, Alassane Ouattara s'en remet à l'Uémoa : « Le Conseil des ministres de l’Union Economique et Monétaire a dit clairement que je suis le président légitime, et que ce sont mes représentants qui ont la signature. Et par conséquent, je n’ai pas de souci à me faire par rapport à l’utilisation de ces fonds publics, dans l’intérêt des Ivoiriens.
Mais ce qui se passe actuellement, avant la mise en œuvre complète de ces mesures, c’est que Monsieur Laurent Gbagbo et ses gens, vont avec des kalash dans les banques pour prélever de l’argent. C’est tout de même des actes de brigandage ».
La BCEAO joue un rôle clé dans la vie économique ivoirienne. C'est elle qui est dépositaire du compte bancaire de l'Etat ivoirien. C'est sur ce compte que sont déposés une grande partie des taxes et des impôts et c'est sur ce compte que sont virés les prêts que consentent régulièrement à la Côte d'Ivoire les banques privées régionales.