Cameroun : les vœux du président Biya par SMS

« Monsieur le président de la République et Madame Chantal Biya vous présentent leurs vœux de santé et de bonheur pour l’année 2011 ». C’est le message qu’ont reçu à leur grande surprise les abonnés des trois compagnies de téléphonie mobile exerçant au Cameroun au soir de la Saint-Sylvestre. Certains SMS continuent d’arriver en début de semaine, en raison de l’ampleur de l’opération qui concernerait à terme sept millions d’abonnés, selon un responsable de l’opérateur privé Orange Cameroun.

C’est la première fois que le couple présidentiel adresse ses vœux par texto, en marge du traditionnel discours de fin d’année du chef de l’Etat. A dix mois des élections présidentielles, l’initiative a suscité la polémique.

L’opposition dénonce une manœuvre électoraliste avant l’heure. Le président Paul Biya, depuis 28 ans au pouvoir, ne s’est pas encore porté candidat au scrutin d’octobre prochain mais dans les colonnes des journaux, plusieurs leaders d’opposition crient à l’injustice et critiquent le coût supposé de l’opération.

Un député du Social Democratic Front (SDF), principale formation d’opposition, interviewé par le quotidien Mutations, a même sorti sa calculette : à 50 francs cfa le message, l’opération de communication pourrait atteindre les 350 millions de francs cfa. Le dit député ajoute qu’il entend porter plainte contre M. Paul Biya pour gabegie et détournement de deniers publics ainsi que contre les deux compagnies privées concernées, le français Orange et le sud-africain MTN.

Le cabinet civil de la présidence dément : l’initiative, fruit d’un partenariat avec les opérateurs de téléphonie mobile, n’aurait pas coûté un seul franc cfa et n’a aucun lien avec les échéances futures.

La controverse est descendue jusque dans les rues de Yaoundé, la capitale, où le SMS est diversement apprécié. « Si j’avais son numéro, je l’aurais aussi appelé pour lui souhaiter bonne année » explique un homme, en fouillant dans son téléphone portable pour retrouver le fameux SMS.

« Le président de la République fait campagne et il va demeurer président puisqu’il n’y a pas d’opposition au Cameroun », s’agace une femme. Pour cette diplômée, que le chômage a reconvertie dans le « call-boxing », la vente de crédit téléphonique, ce SMS est une provocation. L’un de ses clients s’amuse plutôt de l’initiative : « en 2011, je demande plutôt qu’il m’envoie le crédit ».

Pour ou contre. Cette polémique autour d’un SMS aura rappelé, dès les prémices de 2011, que l’année électorale est belle et bien entamée.

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